Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a remplacé presque la moitié des hauts responsables du pays pour renforcer son contrôle sur l'appareil de l'État, selon un rapport officiel sud-coréen publié mardi.

Ce remaniement a touché 97 des 218 cadres au sommet de l'armée, du parti communiste et du gouvernement, précise ce document du ministère sud-coréen de l'Unification.

Le dirigeant de Pyongyang a souvent utilisé la procédure «limogeage et mutation» pour tenter de mieux contrôler les militaires, souligne le ministère.

«Cela indique que Kim a réussi à réaliser la succession dynastique plus rapidement que prévu», a dit à l'AFP Yang Moo-Jin, professeur d'études nord-coréennes à l'université de Séoul.

Selon lui, Kim a remplacé les anciens responsables nommés du temps de son père, auquel il a succédé fin 2011, par des personnes plus jeunes, loyales à son égard.

Dans un autre rapport remis au parlement, les renseignements sud-coréens ont confirmé le redémarrage d'un vieux réacteur nucléaire de la centrale de Yongbyon, qui pourrait renforcer le programme d'armement nucléaire poursuivi par Pyongyang en dépit des interdictions internationales.

Des sources américaines et russes avaient évoqué début septembre le redémarrage de ce réacteur produisant du plutonium et qui est, selon des sources diplomatiques russes, «dans un état épouvantable».

Selon les chercheurs américains, le réacteur est capable de produire six kilogrammes de plutonium par an, que Pyongyang pourrait utiliser pour  accroître la taille de son arsenal nucléaire.

La Corée du Nord avait annoncé en avril dernier le redémarrage prochain de l'installation, arrêtée en 2007 dans le cadre d'un accord international soutenu par les États-Unis.

Les services secrets sud-coréens avancent également que la campagne visant à créer un culte de la personnalité autour du jeune dirigeant se renforce.

Le culte de la personnalité des trois Kim, qui se sont succédé à la tête de la Corée du Nord depuis 1948, est un élément clé de ce régime communiste, comparé par les analystes au régime stalinien.

Le pays souffre depuis de nombreuses années de pénuries alimentaires chroniques.

L'un des pays les plus isolés du monde, la Corée du Nord est dirigée d'une main de fer depuis plus de 60 ans par la dynastie communiste des Kim, fondée par le grand-père du numéro un actuel. Ce dernier a succédé à son père, mort d'une crise cardiaque, en décembre 2011.

Pyongyang met Washington en garde

La Corée du Nord a mis en garde mardi les États-Unis contre «une catastrophe atroce» et placé ses troupes en alerte, avant des manoeuvres conjointes prévues par Washington, le Japon et la Corée du Sud, impliquant un sous-marin nucléaire américain.

Le ton est monté d'un cran à Pyongyang depuis quelques jours, après l'annonce la semaine dernière par Séoul et son allié américain d'un plan prévoyant une «dissuasion adaptée» face à la menace nucléaire posée par le Nord.

Des sources, russe et américaine, avaient avancé début septembre que Pyongyang était sur le point de redémarrer un réacteur nucléaire à Yongbyon, dans un «état épouvantable» selon les Russes.

Les manoeuvres navales tripartites doivent démarrer ce mardi autour de la péninsule coréenne, si la menace d'un typhon est écartée. Les troupes comprennent notamment le sous-marin américain à propulsion nucléaire USS George Washington.

Les troupes nord-coréennes «doivent se tenir prêtes à lancer une opération à n'importe quel moment», a indiqué à l'agence officielle nord-coréenne KCNA un porte-parole de l'armée du Nord.

La situation sur la péninsule «se tend à nouveau», a mis en garde Pyongyang, qui prévient Washington que plus ses soldats se rapprocheront du Nord, «plus leurs actions peuvent provoquer des désastres imprévisibles».

«Les États-Unis seront totalement responsables d'une catastrophe atroce que rencontreront ses forces d'agression impérialistes», a ajouté KCNA, utilisant le vocabulaire guerrier dont le Nord est familier.

Les manoeuvres qui doivent démarrer mardi sont «un exercice annuel de recherches et de sauvetage, de nature humanitaire», a indiqué un porte-parole des forces sud-coréennes et américaines. La semaine dernière, un haut responsable de la Défense américaine avait décrit ces manoeuvres tripartites comme «de plus en plus habituelles».

Pour Kim Yong-hyun, professeur à la Dongguk University, la Corée du Nord, un des pays les plus fermés et les plus isolés au monde, tente d'inciter Washington à retourner à la table des négociations. «Avec ces déclarations aussi vindicatives, le Nord essaye d'attirer l'attention de Washington», selon le professeur, qui nuance les menaces de Pyongyang.

Yang Moo-jin, de l'Université des études nord-coréennes à Séoul, note que «l'alerte d'urgence» émise par le Nord n'est pas aussi élevée que d'autres alertes lancées précédemment.

«Le Nord tente simplement d'attirer l'attention de la planète sur le fait qu'il surveille de près ces manoeuvres», dit-il.

«Il veut aussi mettre en garde sa population contre des menaces sur sa sécurité, en provenance des États-Unis, de la Corée du Sud et Japon, et préparer le terrain pour pouvoir rejeter la responsabilité sur les trois (Japon, Corée du Sud, États-Unis) en cas de nouveau pic des tensions», ajoute-t-il.

La péninsule a connu cet hiver un nouvel épisode très tendu, après l'introduction de nouvelles sanctions internationales à la suite du troisième essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord en février.

Le climat s'était un peu réchauffé ces dernières semaines, mais depuis quelques jours Pyongyang a renoué avec de violentes diatribes.