Les Corées du Nord et du Sud ont décidé mercredi de rouvrir lundi prochain le complexe industriel intercoréen de Kaesong, fermé depuis avril en raison de vives tensions sur la péninsule.

Au terme de négociations marathon qui ont duré toute la nuit, les deux parties ont choisi le 16 septembre comme date de réouverture du site, un grand pas sur la voie de la détente.

«Les fondations institutionnelles ont maintenant été jetées pour que Kaesong devienne un complexe industriel stable et concurrentiel à l'international», s'est félicité dans un communiqué le ministère sud-coréen de l'Unification.

Les entreprises sud-coréennes installées à Kaesong, côté nord-coréen, pourront reprendre leurs activités «à titre d'essai à partir du 16 septembre», selon le ministère.

A l'issue d'une réunion à la mi-août, les deux parties avaient décidé de rouvrir ce site qui abrite 123 entreprises sud-coréennes. Mais aucune date n'avait été fixée.

Créée en 2004, la zone d'activité de Kaesong a été fermée unilatéralement par Pyongyang en avril dernier, après des semaines de très vives tensions sur la péninsule, provoquées par un troisième essai nucléaire nord-coréen et une nouvelle salve de sanctions internationales à l'égard du régime communiste.

Le site avait été épargné lors des précédentes confrontations sur la péninsule coréenne.

Pyongyang a d'abord interdit aux cadres sud-coréens de se rendre sur son territoire avant de retirer ses 53 000 employés, sonnant de fait la fermeture du site pourtant crucial pour son économie.

Kaesong est en effet une source précieuse de devises étrangères pour la Corée du Nord isolée dont l'économie souffre cruellement d'une planification ruineuse et de lourdes sanctions internationales liées à ses ambitions nucléaires.

Située à dix kilomètres de la frontière en territoire nord-coréen, Kaesong était né dans le sillage de «la diplomatie du rayon de soleil», menée par la Corée du Sud de 1998 à 2008 pour encourager les contacts entre les deux frères ennemis.

La Corée du Sud est parvenue à imposer certaines de ses conditions au Nord: le site sera par exemple ouvert aux investisseurs étrangers ce qui, espère Séoul, dissuadera Pyongyang de prendre des mesures aussi drastiques.

Le Sud avait également demandé des compensations pour ses entreprises qui ont perdu des centaines de millions de dollars. Les deux parties semblent avoir trouvé un compromis sur un gel des taxes et impôts acquittés par les firmes sud-coréennes cette année.

Pour les experts néanmoins, Kaesong demeure vulnérable aux vicissitudes des relations intercoréennes, quelles que soient les garanties présentées.

«Cet accord n'offre aucune assurance réelle que Kaesong sera préservé des troubles politiques et des tensions militaires à l'avenir», estime Yang Moon-Jin, professeur à l'université des études nord-coréennes de séoul.

«Même l'armistice de 1953 est facilement enfreint», relève-t-il.

Après des mois d'invectives et de rodomontades qui ont pu faire craindre la survenue d'incidents graves à la frontière, Nord et Sud multiplient les contacts afin de faire redescendre la fièvre.

Les Corées sont ainsi convenues fin août de reprendre la réunion provisoire de familles séparées de part et d'autre de la ligne de démarcation depuis la fin de la guerre.

Les rencontres auront lieu entre le 25 et le 30 septembre sur le site du Mont Kumgang. Elles avaient cessé depuis le bombardement d'une île sud-coréenne par Pyongyang en novembre 2010.

Pyongyang souhaite par ailleurs négocier le retour des touristes sud-coréens dans la station de ski du Mont Kumgang dont ils sont interdits par Séoul depuis la mort d'une touriste abattue par un soldat nord-coréen en 2008.