Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté lundi dans la capitale des Philippines pour exprimer leur colère envers la corruption des dirigeants politiques, un rassemblement organisé grâce aux réseaux sociaux.

Les villes de province ont elles aussi été le théâtre de rassemblements, à une échelle plus modeste. Il s'agit d'une des manifestations les plus importantes depuis l'arrivée au pouvoir en 2010 du président Benigno Aquino, dont la campagne était axée sur la lutte contre la corruption.

Prêtres, étudiants, hommes d'affaires, commerçants, familles de la classe moyenne ont défilé pendant plusieurs heures, signalant l'étendue dans la société du ras-le-bol envers ce mal endémique dans l'un des pays les plus pauvres d'Asie.

Paz del Rosario, médecin, déclare vouloir «participer à un événement historique». «Espérons que ce sera le début de quelque chose de plus vaste. On est venu grâce aux médias sociaux, à l'internet, aux tweets et aux textos. Il n'y a pas de meneur ici», ajoute-t-elle.

Peu réclament le départ du président, qui bénéficie toujours d'une cote de popularité élevée dans le pays, mais la colère gronde envers la classe politique. «Nous sommes furieux des vols commis par les politiques, nous leur disons que tout ça c'est terminé», déclare Teodoro Jurado, un professeur d'université de 80 ans.

Des appels à manifester sont apparus sur Facebook et Twitter il y a deux semaines après une série d'articles dans la presse, notamment le Philippine Daily Inquirer, sur une fraude géante impliquant le Fonds d'assistance de développement prioritaire (PDAF).

L'argent de ce fonds est à la disposition des responsables politiques qui l'utilisent pour leurs projets de développement, mais les critiques estiment qu'il sert surtout à alimenter la corruption.

Une femme d'affaires est notamment soupçonnée, selon la presse, d'avoir manigancé avec des responsables politiques pour extraire 10 milliards de pesos (169 millions d'euros) de ce fonds. Elle est en fuite.