Huit soldats ont été tués samedi matin par l'explosion d'une bombe dans l'extrême sud de la Thaïlande en proie à une insurrection séparatiste, a indiqué un porte-parole de l'armée, un événement qui met en lumière la fragilité des négociations en cours entre rebelles et gouvernement.

Quatre autres personnes - deux soldats et deux civils - ont été blessées dans cette explosion qui s'est produite dans le district de Krongpinang de la province de Yala à majorité musulmane.

Les soldats, de service toute la nuit sur leur base, revenaient à leur résidence lorsque l'engin a explosé au passage de leur camion, causant l'un des bilans les plus lourds infligés aux forces de sécurité ces dernières années.

«C'était une bombe très puissante qui a complètement détruit le camion», a déclaré le colonel Pramote Promin à l'AFP par téléphone.

«Dix soldats étaient à bord du camion. Huit sont morts et deux ont été blessés», a-t-il ajouté, précisant que deux villageois avaient également été blessés.

«C'est probablement le plus lourd bilan pour l'armée cette année», a-t-il encore indiqué.

L'insurrection a fait plus de 5700 morts depuis 2004, frappant indistinctement bouddhistes et musulmans dans cette région rattachée à la Malaisie jusqu'au début du XXe siècle.

Les insurgés, des musulmans, ne font pas partie d'un mouvement jihadiste mondial, mais se rebellent contre ce qu'ils vivent comme une discrimination contre la population d'ethnie malaise et de religion musulmane dans un pays essentiellement bouddhiste.

Le pouvoir thaïlandais a entamé cette année des négociations inédites avec plusieurs groupes rebelles, dont le Barisan Revolusi Nasional (BRN, Front national révolutionnaire), pour tenter de mettre un terme à cette insurrection. Mais les attaques se sont poursuivies, à un rythme quasi quotidien.

Lors des derniers pourparlers mi-juin, les deux parties s'étaient mises d'accord pour réduire la violence lors du ramadan qui commence en juillet.

Mais l'espoir d'une réduction significative de la violence s'est réduit cette semaine.

Dans un message vidéo posté sur YouTube, le BRN, qui réclame l'indépendance, a en effet proposé un véritable cessez-le-feu pendant le mois sacré, mais a réclamé e échange que l'armée rentre dans ses bases. Une condition immédiatement rejetée par le gouvernement thaïlandais.

La poursuite des attaques a également soulevé des doutes quant à la capacité des chefs rebelles impliqués dans les négociations de contrôler les hommes sur le terrain.

Vendredi après-midi, deux musulmans, dont un chef de village, ont d'autre part été tués par balle dans la province de Narathiwat, dans des incidents distincts, a indiqué la police.