La campagne électorale éclair pour la succession de Hugo Chavez au Venezuela, duel houleux entre son dauphin Nicolas Maduro et le chef de l'opposition Henrique Capriles, prend fin jeudi, jour du 11e anniversaire du coup d'État avorté contre le charismatique dirigeant socialiste.

Investi par Chavez quelques mois avant sa mort le 5 mars des suites d'un cancer, M. Maduro, ancien chef de la diplomatie qui assure désormais l'intérim à la présidence, a appelé ses partisans à un ultime rassemblement en fin d'après-midi à Caracas.

Donné favori avec une avance avoisinant les 10 points dans les sondages, cet ex-dirigeant syndical de 50 ans à la large carrure et la moustache fournie, qui aime débarquer aux réunions au volant d'un bus en mémoire de son passé de chauffeur de transport en commun, se pose en héritier du défunt chef de file de la gauche latino-américaine et de ses 14 années au pouvoir.

Il assure aussi être la «seule garantie» du maintien des programmes sociaux, fleurons du régime financés par la rente pétrolière, quasiment la seule ressource de ce pays doté des plus grandes réserves de brut au monde.

Face à Capriles, 40 ans, jeune gouverneur de l'État de Miranda (nord), qui avait été battu par Chavez à la présidentielle d'octobre dernier (55% contre 44%), le candidat du pouvoir dénonce régulièrement les «complots de la bourgeoisie» alliée à l'«impérialisme américain», y compris une tentative d'assassinat contre lui.

Des accusations qui prennent d'autant plus de relief que le gouvernement commémore jeudi l'un des épisodes de la légende «chaviste» : le putsch orchestré le 11 avril 2002 par les milieux d'affaires appuyés par des membres de l'armée qui a écarté Chavez du pouvoir durant 47 heures, avant qu'un soulèvement populaire ne le ramène au palais présidentiel. Les émeutes avaient fait 19 morts.

«Aujourd'hui il va y avoir une foule immense pour Maduro. Chavez l'a choisi comme son fils pour qu'il perpétue son héritage», lance à l'AFP Crucita Suarez, qui anime à Caracas un des nombreux kiosques rouges diffusant la propagande officielle.

«Il y aura foule aussi, car c'est un jour où nous avons de la douleur pour notre Comandante éternel en pensant au coup d'État de cette oligarchie pourrie», ajoute cette institutrice de 65 ans, affublée d'une moustache postiche, le signe de ralliement des «Maduristes».

De son côté, l'opposition réunit son dernier réunion dans l'État de Lara (nord-ouest), où Capriles va conclure un marathon de dix jours à travers tout le pays durant lequel il a exhorté les Vénézuéliens à ne pas se laisser abuser par «les mensonges» de son adversaire et estime incarner une «croisade» du «bien contre le mal».

Adepte de la social-démocratie à la brésilienne, cet avocat à l'élégance naturelle, qui a réussi l'exploit de rassembler durablement une opposition souvent désunie, reproche à son adversaire de s'abriter derrière la mémoire de son mentor, dont le spectre aura plané tout au long de la campagne.

«Nicolas n'est pas Chavez !», clame-t-il à longueur de discours, en dénonçant les problèmes quotidiens du pays : une insécurité record (16 000 meurtres pour 29 millions d'habitants en 2012), des pannes de courant récurrentes ou encore des pénuries alimentaires provoquées par l'instauration d'un contrôle des changes depuis 10 ans qui pénalise les importations.

Outre la lourde tâche de succéder à Chavez, le vainqueur de la présidentielle de dimanche devra aussi redresser une économie en crise avec une inflation de plus de 20% en 2012, un baril bloqué à 100 dollars et un déficit de plus de 15% du PIB.