La tête du mouvement islamiste somalien shebab est actuellement minée par une violente lutte de pouvoir. Plusieurs idéologues ou chefs militaires ont été arrêtés, tués ou ont pris la fuite. Voici une série de brefs portraits de figures importantes du mouvement :

AHMED ABDI GODANE : «émir» (chef suprême) des shebab, âgé de seulement 36 ans, Godane, dont la tête est mise à prix 7 millions de dollars par Washington, tente de se débarrasser de plusieurs figures contestant ouvertement son autorité. Issu du clan Issaq du Somaliland (nord), éduqué au Pakistan, il est présenté comme ayant été formé aux armes en Afghanistan. Fluet, fuyant les objectifs, Godane, également connu sous le nom d'Abu Zubayr, est, au sein des shebab, l'un des partisans les plus radicaux du «djihad mondial», s'opposant aux tenants d'une idéologie «nationaliste» somalienne.

IBRAHIM HAJI JAMA : plus connu sous son surnom d'Al-Afghani («l'Afghan»), hérité de ses années de combat en Afghanistan, il est l'un des cofondateurs du mouvement shebab. Auteur supposé d'un courrier très critique sur Godane, adressé au chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zahawiri et publié sur des sites islamistes. Présumé mort depuis que les shebab ont annoncé fin juin qu'il avait été tué avec un autre chef historique Abul Hamid Hashi Olhayi, dans des affrontements avec les troupes de Godane, qui avait ordonné leur arrestation.

MUKHTAR ROBOW : ex-chef militaire et ancien porte-parole des shebab, formé en Afghanistan, Robow, alias Abu Mansur, 50 ans, est l'un des plus virulents détracteurs de Godane. Influent et puissant, les États-Unis offrent 5 millions de dollars pour son arrestation. Ce «nationaliste» semble réfugié près de Baïdoa (centre), fief de son clan Rahanweyn, depuis fin juin, après la défaite de ses troupes face à celles de Godane.

HASSAN DAHIR AWEYS : Ex-colonel de l'armée somalienne et héros de la guerre de l'Ogaden contre l'Éthiopie (1977-1978), ce vétéran de la cause islamiste a dirigé plusieurs mouvements radicaux. Il fut le chef de l'Union des tribunaux islamiques (UTI) qui contrôla la majeure partie de la Somalie, dont Mogadiscio, durant tout le deuxième semestre 2006 avant d'être écrasée en quelques jours par les troupes éthiopiennes. Tenant de la ligne nationaliste, il avait pris ensuite la tête du Hizb al-Islam qu'il avait fusionné en 2010 avec les shebab, avant de s'opposer récemment à Godane.

Fin juin, ses fidèles ont été attaqués par les hommes de Godane. Arrêté dans sa fuite par les forces progouvernementales, il est depuis détenu à Mogadiscio. Quasi septuagénaire ou octogénaire selon les sources, issu du sous-clan Habr Gedir, du clan majoritaire des Hawiye, il figure sur les listes de sanctions tant américaine que de l'ONU pour ses «liens avec le terrorisme».

FUAD MOHAMED KHALAF : Les États-Unis offrent 5 millions de dollars pour la capture de Khalaf, alias «Shongole», présenté comme l'un des collecteurs de fonds des shebab. Il est de double nationalité somalienne et suédoise.

OMAR HAMAMI : américain, d'où son surnom d'Al-Amriki («l'Américain»), il se dit né en Alabama, d'un père musulman d'origine syrienne et d'une mère baptiste d'ascendance irlandaise. À 29 ans, sa tête est mise à prix 5 millions de dollars. Al-Amriki, dont la mort a été annoncée puis démentie à plusieurs reprises, s'est surtout fait connaître comme propagandiste de la cause shebab via des chansons de rap, des vidéos et une utilisation intensive des médias sociaux. Brouillé avec Godane depuis plusieurs mois, son sort est inconnu. Son compte Twitter, d'habitude très actif, est silencieux depuis début mai, époque où son assassinat par des hommes de Godane a été annoncé, sans être confirmé.

JEHAD SERWAN MOSTAFA : Citoyen américain de 31 ans, il ressemble plus à un «geek» qu'à l'instructeur militaire que Washington - qui offre 5 millions de dollars pour sa capture - l'accuse d'être. Né au Wisconsin, il est présenté comme l'un des chefs de file des combattants étrangers et l'un des propagandistes du mouvement sur l'internet.

BASHIR MOHAMED MAHAMOUD : un des chefs militaires des shebab, la trentaine. Une récompense américaine de 5 millions de dollars est offerte pour son arrestation.

ABDULLAHI YARE : Présenté comme l'adjoint de Godane et le responsable de la communication des shebab. Les États-Unis offrent 3 millions de dollars pour sa capture.