Le président zimbabwéen Robert Mugabe a lancé vendredi sa campagne pour les élections du 31 juillet en menaçant de retirer son pays de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui exige des réformes démocratiques pour garantir l'équité du scrutin.

«Si la SADC décide de faire des choses stupides, disons le clairement, nous pourrions nous retirer de la SADC», a-t-il déclaré devant environ 20 000 partisans réunis pour le lancement de la campagne de son parti, la Zanu-PF, dans un stade de la capitale Harare.

«Vous êtes nos soldats, vous avez une bataille à mener», a poursuivi le chef de l'État, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980 et qui brigue un nouveau mandat à l'âge de 89 ans.

Robert Mugabe a ensuite repris le vocabulaire guerrier qui le caractérise: «Jetez-vous dans la bataille bien armé. Jetez-vous dans la bataille en gardant en tête que vous affrontez un ennemi politique!»

Il a toutefois modéré ses propos, en appelant ses partisans à rester non-violents: «S'il-vous-plaît, pas de violence. Essayons d'avoir une élection non violente, sans intimidation».

Ses déclarations ont une tonalité particulière au Zimbabwe, où les précédents scrutins ont été accompagnés d'un déferlement de violences politiques.

Pour empêcher ce scénario de se reproduire, l'opposition et les voisins du Zimbabwe, réunis dans la SADC, exigent des réformes avant l'organisation des prochaines élections, et notamment des garanties sur l'attitude des médias et des forces de sécurité, qui soutiennent ouvertement le chef de l'État.

Ils ont reçu l'appui ce week-end du président américain Barack Obama, en visite en Afrique du Sud, qui a également réclamé des «réformes» pour assurer «un scrutin libre et équitable».

L'enjeu est de sortir le Zimbabwe d'une crise ouverte en 2008 lors de la dernière élection présidentielle.

Le rival historique du chef de l'État, Morgan Tsvangirai, était alors arrivé en tête au premier tour, mais il avait dû se retirer devant les violences faites à ses partisans, dont le bilan avait été d'environ 200 morts. Seul en lice, Robert Mugabe avait été réélu à la tête du pays. Pour mettre un terme au chaos, les pays voisins l'avait ensuite contraint à former un gouvernement d'union en 2009.

Cette coalition contre nature a tenu quatre ans malgré de nombreux heurts. Pour en sortir, le président Mugabe a décidé unilatéralement de fixer un nouveau scrutin au 31 juillet. Mais Tsvangirai souhaitait un report pour faire voter les réformes qui garantiront, selon lui, l'équité et le caractère démocratique du scrutin.

Sous la pression des médiateurs régionaux, Mugabe a demandé à la Cour constitutionnelle de repousser de quinze jours la date du premier tour. Celle-ci a refusé d'accorder ce délai et a confirmé la date du 31 juillet dans une décision notifiée jeudi.

Revenant sur ce sujet, Robert Mugabe s'est moqué de l'émissaire du président sud-africain Jacob Zuma, médiateur régional dans la crise au Zimbabwe, Lindiwe Zulu, sans la mentionner.

«Une femme de la rue dit "non, vous ne pouvez pas tenir vos élections le 31 juillet". Vraiment! Est-ce qu'elle pensait que notre pays allait tenir compte de ses propos stupides...», a-t-il relevé.