La centrale japonaise Fukushima Daiichi reste sous la menace potentielle d'une autre catastrophe naturelle, qui n'aboutirait toutefois pas au même désastre que celui provoqué par le séisme et le tsunami de mars 2011, a assuré le directeur du site mercredi.

«S'il se produisait un nouveau tremblement de terre important suivi d'un tsunami, ce serait un moment très difficile, mais nous ne tomberions pas dans la même situation de confusion», a insisté Akira Ono, lors d'une visite organisée sur place pour la presse étrangère, près ce cinq ans après la catastrophe.

La compagnie Tokyo Electric Power (TEPCO) a été accusée de manque de préparation aboutissant à une gestion très critiquable de la crise déclenchée le 11 mars 2011 par un séisme de magnitude 9 au large des côtes nord-est de l'archipel à l'origine d'un dévastateur raz-de-marée.

La coupure totale de l'alimentation électrique des installations et des systèmes de refroidissement a entraîné la fusion du combustible dans trois des six réacteurs, puis des explosions d'hydrogène ont détruit une partie des bâtiments. Les énormes quantités d'éléments radioactifs rejetées en quelques jours dans la nature ont forcé des dizaines de milliers de personnes à quitter dans la précipitation la région, qui demeure en partie inhabitable.

Murs censés arrêter un tsunami

Aujourd'hui, les équipes sont mieux préparées et les risques potentiels dus au combustible des réacteurs de facto amoindris, même s'il reste absolument nécessaire de continuer à refroidir l'ensemble, selon M. Ono.

TEPCO a également construit des murs censés arrêter un tsunami de 15 mètres comme celui subi en mars 2011.

Quelque 8000 travailleurs, allant des experts du nucléaire à des ingénieurs et techniciens de divers secteurs, s'escriment chaque jour sur le site où des progrès ont été réalisés (déblaiement, retrait des véhicules renversés, extraction de combustible usé d'une piscine, etc.), mais les séquelles du drame sont encore bien visibles par endroits.

Les conditions de travail ont aussi été nettement améliorées: le port du masque facial intégral n'est plus obligatoire sur une grande partie du site, un bâtiment de repos et de restauration a été nouvellement ouvert et les ouvriers disposent d'équipements de contrôle de doses de radiations de dernière génération, assure TEPCO.

Reste que le niveau de radioactivité demeure extrêmement élevé à l'intérieur des bâtiments des réacteurs, de facto inaccessibles à l'homme.

Par ailleurs, plus d'un millier d'énormes réservoirs stockent d'importantes quantités d'eau en partie contaminée dont nul ne sait à ce jour ce qu'elle deviendra à terme. Le rejet en mer constitue une option, selon les autorités nucléaires nationale et internationales.

Il faudra au moins quatre décennies pour démanteler cette centrale située à un peu plus de 200 kilomètres au nord-est de Tokyo, avec des technologies qui, pour la plupart, restent à inventer.

«À ce stade, c'est comme si nous venions de grimper jusqu'à la première étape d'une montagne», avoue M. Ono, via une formule japonaise courante signifiant que seulement environ 10 % du chemin est parcouru.