À partir d'avril 2018, les sacs de plastique minces ne seraient plus autorisés dans le Grand Montréal, qui emboîterait ainsi le pas à d'autres grandes villes du monde. La Ville de Brossard va encore plus loin et compte bannir tous les types de sacs de plastique dès l'automne. Mais quelles sont les solutions de rechange à l'utilisation de ces sacs ? Peut-on s'en passer sans créer un impact environnemental insoupçonné ?

Pour Daniel Normandin, directeur de l'Institut de l'environnement, du développement durable et de l'économie circulaire, le problème n'est pas nécessairement les sacs, mais le comportement des consommateurs. « Bien que recyclables, ces sacs se retrouvent souvent dans l'environnement et ont des conséquences très néfastes sur la faune. » Le plastique est souvent ingéré par des animaux sauvages. Une étude publiée dans la revue scientifique américaine PNAS démontre même que 99 % des oiseaux marins auront du plastique dans leur système digestif d'ici 2050.

Selon l'un des principaux détracteurs de cette interdiction, l'Association canadienne de l'industrie des plastiques, « les consommateurs seront forcés d'acheter des sacs additionnels pour les déchets ménagers et le problème restera inchangé ». Une affirmation non valable selon M. Normandin, pour qui « on utilise, et abandonne, quotidiennement beaucoup plus de sacs d'épicerie que de sacs-poubelle ». Du côté de l'industrie, au lieu d'une interdiction, on prône une meilleure sensibilisation à la réutilisation et au recyclage des sacs.

Pour Coralie Deny, directrice du Conseil régional de l'environnement de Montréal, cette situation est une occasion rêvée pour changer nos habitudes de consommation. « Le sac en plastique est emblématique de la surconsommation et du gaspillage. On doit passer de l'usage unique d'un objet à quelque chose de plus durable. »

Après le sac plastique

Les principaux candidats pour le remplacement des sacs de plastique minces sont les sacs biodégradables, les sacs en papier et les sacs réutilisables. Les sacs réutilisables sont souvent considérés comme le seul choix sûr. « Bien qu'ils aient une plus grosse empreinte écologique à la fabrication, ces sacs permettent d'économiser des milliers de sacs de plastique si on les utilise souvent », explique M. Normandin. 

Il faut aussi s'assurer qu'ils respectent les normes de durabilité, affirme Mme Deny. « L'industrie doit faire un effort pour offrir un produit recyclable et local. »

Les réactions sont moins favorables en ce qui concerne les sacs biodégradables et les sacs de papier. « Les sacs biodégradables contiennent un produit pour dégrader le plastique en particules plus fines, explique M. Normandin. Mais on n'a aucune idée de l'impact de ces plastiques sur l'environnement. Si elles se comportent comme d'autres particules fines, elles peuvent contaminer la chaîne alimentaire. » 

De leur côté, les sacs de papier, même recyclés, nécessitent plus de matière première et ont un impact environnemental plus grand que les sacs de plastique lors de leur production. Là encore, Mme Deny s'oppose à ces solutions. « On ne va pas remplacer un produit à usage unique par un autre. Les gens n'ont pas toujours eu besoin de sacs jetables, on utilisait des sacs réutilisables il y a à peine 40 ans. »