Le projet de modernisation de la consigne mis de l'avant l'été dernier par le ministre de l'Environnement David Heurtel est mis sur une voie de garage. Rien n'a avancé depuis qu'un groupe d'étude de l'Université Laval a conclu l'été dernier que le meilleur système était probablement celui qui était déjà en place au Québec.Plusieurs sources au sein du gouvernement Couillard font le même constat ; dans les officines, on n'a pas réentendu depuis plusieurs mois parler du projet de consigner les bouteilles de la Société des alcools et de hausser la consigne sur les canettes de boissons gazeuses.

Le ministre Heurtel envisageait un réseau étendu de postes de récupération, avec des employés, susceptibles de recevoir les bouteilles de la SAQ, frappées d'une consigne. À d'autres endroits où le volume était insuffisant, on songeait a des « gobeuses », des appareils déjà utilisés dans certains États américains et au Royaume-Uni.

En réponse aux questions de La Presse, une porte-parole du ministre a assuré que le dossier de la consigne allait progresser « dans les prochaines semaines et mois ».

Mais dans sa correspondance privée, en décembre dernier, le ministre Heurtel était lui-même bien évasif, remerciant les groupes de « contribuer à la réflexion amorcée » sur la modernisation du système. Le ministre Heurtel revient dans une correspondance récente sur l'étude qu'il avait commandée au groupe CREATE, le Centre de recherche en économie de l'environnement, de l'agroalimentaire, des transports et de l'énergie de l'Université Laval.

« L'étude publiée en août dernier propose une analyse comparative des performances des deux systèmes de récupération, la consigne et la collecte sélective selon différents scénarios d'élargissement de la consigne [...]. Les résultats de cette étude confirment la nécessité d'examiner la question dans sa globalité, c'est-à-dire d'examiner à la fois la consigne et la collecte sélective. Qu'il s'agisse d'un système ou l'autre l'important est d'augmenter leur complémentarité » indique le ministre.

Un lobby puissant

Au gouvernement, on explique que le ministère de l'Environnement n'a pu traverser le lobby puissant des ministères économiques, des Finances en particulier, le ministère de tutelle de la Société des alcools. Dans le réseau des succursales, c'est de commune renommée qu'on ne veut rien entendre de récupérer les bouteilles vides. Au Trésor, on observe que de retirer les bouteilles des bacs bleus rend beaucoup plus coûteux le traitement de ce qui y reste.

Le ministre Heurtel souhaitait étendre la consignes aux bouteilles d'eau individuelles à usage unique, PET, mais sa propre étude constatait qu'il en coûterait sept fois plus cher de les traiter à la main plutôt que de les laisser dans le bac de recyclage. Recyc-Québec fait la promotion d'un système de supergobeuses, vues comme la panacée aux problèmes de recyclage, une option que l'organisme avait déjà mise de l'avant il y a plusieurs années.