La justice indienne a suspendu mercredi pour trois mois la vente des voitures diesel les plus gourmandes à New Delhi, nouvelle tentative pour améliorer la qualité de l'air dans la capitale la plus polluée du monde.

La Cour suprême indienne a également interdit aux camions vieux de plus de 10 ans circulant au diesel de traverser la mégapole indienne et a décidé l'interdiction de brûler les ordures.

Les autorités de la capitale sont sévèrement critiquées depuis plusieurs années pour leur inaction face à la pollution et se retrouvent sous la pression de la justice pour agir.

Une étude menée l'an dernier par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur 1600 villes du monde a montré que Delhi est la capitale affichant la plus haute concentration annuelle de particules fines, ou PM2,5, c'est-à-dire d'un diamètre de 2,5 microns.

Le premier juge de la Cour suprême, T.S. Thakur, a ordonné mercredi l'interdiction d'immatriculer de nouveaux véhicules diesel équipés d'un moteur supérieur à 2000cc, caractéristique des 4x4, jeeps et larges voitures fabriquées par BMW, Toyota, l'indien Mahindra et d'autres constructeurs.

Cette décision restera en vigueur jusqu'au 31 mars.

Selon la défenseure de l'environnement Sunita Narain, présente lors de l'audience, la Cour a aussi ordonné à tous les taxis circulant à Delhi de passer du diesel au gaz naturel d'ici au 31 mars.

«Il n'y a pas de droit plus fondamental que celui de respirer un air propre et c'est ce qu'a reconnu la Cour aujourd'hui. Il s'agit d'une urgence de santé publique», a dit Narain aux journalistes.

«L'immatriculation des véhicules diesel de plus de 2000 cc dans Delhi est désormais interdite», a-t-elle ajouté.

Circulation alternée

La Cour suprême a aussi ordonné le doublement de la taxe environnementale imposée aux milliers de véhicules commerciaux et camions circulant au diesel qui traversent chaque nuit Delhi.

Plus de 1400 nouveaux véhicules viennent grossir chaque jour la flotte de 8,5 millions de voitures roulant dans les rues de la capitale indienne, épaississant un peu plus le brouillard polluant.

Environ 23% des voitures circulant à Delhi fonctionnent au diesel, dont les gaz d'échappement sont jugés cancérogènes par l'OMS, selon les données du think tank Centre for sciences and Environment (CSE).

L'action du premier constructeur indien de véhicules diesel, Mahindra and Mahindra, chutait de 4,60% en début d'après-midi à la Bourse de Bombay à la suite de cette décision. Le patron du groupe Mahindra, Anand Mahindra, a estimé sur Twitter qu'il ne s'agissait pas d'une «décision optimale», mais que son groupe s'y plierait.

L'hiver à Delhi, les seuils de pollution grimpent dans cette ville de 17 millions d'habitants, où des millions de personnes vivant dans la pauvreté allument des feux pour se chauffer. Le niveau des PM2,5 est fréquemment dix fois supérieur aux seuils recommandés par l'OMS.

Ces particules fines, qui s'installent profondément dans les poumons et peuvent passer dans le système sanguin, sont responsables de taux plus élevés que la moyenne de bronchites chroniques, cancers du poumon et maladies cardiaques

À la différence de Pékin, autre ville d'Asie très polluée, les autorités de Delhi n'émettent pas d'alerte à la pollution à l'adresse de la population.

Face aux critiques, l'exécutif a décidé d'expérimenter la circulation alternée des véhicules particuliers pour une période de deux semaines à compter du 1er janvier.

Par ailleurs, le tribunal national compétent en matière d'environnement a ordonné vendredi l'interdiction de vente à Delhi de tous les véhicules diesel pour quatre semaines, mais le doute subsistait sur l'application de cette décision.