Les autorités du comté du Lancashire, dans le nord-ouest de l'Angleterre, ont rejeté lundi une demande de permis pour un projet d'exploration de gaz de schiste, dont le développement de la production est pourtant l'une des priorités du gouvernement Cameron.

La petite firme britannique Cuadrilla voulait réaliser des forages exploratoires en utilisant la technique controversée de la fracturation hydraulique, mais avait suscité l'opposition de certains riverains.

Cuadrilla avait dû interrompre en 2011 des forages dans la même région après l'enregistrement de légères secousses telluriques. Le gouvernement lui avait ensuite donné l'autorisation de reprendre les forages exploratoires, mais en renforçant les contrôles.

Toutefois, les autorités locales doivent aussi donner leur feu vert et, dans le cas présent, les représentants au conseil du comté ont estimé que le projet, près de la ville côtière de Blackpool, comportait des risques «déraisonnables» en termes de pollution visuelle et sonore.

Ils avaient déjà bloqué la semaine dernière un autre projet d'exploration de gaz de schiste de Cuadrilla dans le comté, considérant qu'il aurait augmenté la circulation routière.

Ces décisions constituent un revers pour le gouvernement du premier ministre conservateur David Cameron, récemment réélu, qui a fait une priorité du développement de cette source d'énergie, potentiellement bon marché et abondante, à l'heure où les champs pétrolifères et gaziers de la mer du Nord sont en déclin.

Aucun nouveau projet exploratoire n'a pu être mis en oeuvre depuis 2011, malgré cette forte volonté politique à Londres.

Une porte-parole du gouvernement britannique a déclaré lundi que ce dernier «respectait» la décision des autorités du Lancashire, sans désarmer sur le fond. «Le gouvernement pense que le gaz de schiste a un potentiel énorme, qu'il représente une chance de développer de nouvelles ressources énergétiques tout en créant des emplois», a-t-elle souligné.

«Nous allons continuer d'étudier la manière dont nous pouvons poursuivre le développement de cette industrie au Royaume-Uni», a ajouté la porte-parole.

La fracturation hydraulique suscite des oppositions notamment en raison de la pollution de l'eau que pourraient causer les substances chimiques utilisées. Le procédé consiste à créer des fissures souterraines et à y infiltrer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques, pour permettre l'extraction du gaz prisonnier de la roche.

Cuadrilla s'est dite lundi «surprise et déçue» de la décision, assurant avoir apporté toutes les garanties nécessaires en termes de santé et d'environnement.

Un représentant local de l'association des Amis de la Terre a de son côté poussé un «soupir de soulagement» en apprenant que «cette industrie sale qui crée des risques pour la santé, la qualité de vie et le climat a une nouvelle fois été stoppée dans son élan».