Déjà menacés par les algues toxiques, les espèces envahissantes et la pollution industrielle, les Grands Lacs font maintenant face à un nouveau danger: des millions de petites particules de plastique, certaines si minuscules qu'elles ne sont visibles qu'avec un microscope.

Des chercheurs qui avaient déjà étudié le plastique qui flotte dans les océans du monde rapportent maintenant une découverte similaire dans les lacs qui renferment plus de 20% de l'eau douce de la planète.

Ces particules ont été repêchées des lacs Supérieur, Huron et Érié l'an dernier, tandis que les lacs Michigan et Ontario sont étudiés cet été. Les chercheurs râtissent la surface de l'eau à l'aide de filets ultrafins tirés derrière des voiliers.

Les experts ne savent pas depuis quand ce «microplastique» se trouve dans les Grands Lacs et ne savent que peu de choses concernant son impact sur l'environnement. Ils tenteront notamment de déterminer si les poissons gobent ces particules.

Certains échantillons puisés du Lac Érié, le moins profond et le plus petit (en terme de volume d'eau) des cinq Grands Lacs, contenaient plus de plastique que des échantillons comparables tirés des océans. Le lac Érié reçoit aussi les eaux en provenance des lacs Supérieur, Michigan et Huron.

Les chercheurs ont découvert que la majorité des particules sont parfaitement rondes. Ils souçonnent qu'il s'agit des «micro perles» qu'on retrouve dans certains produits d'hygiène personnelle comme le dentifrice ou le gel corporel. Ces perles sont si petites qu'elles échappent aux usines de filtration des eaux pour se retrouver dans les Grands Lacs.

Certaines entreprises, comme Procter & Gamble et Johnson & Johnson, ont accepté de ne plus utiliser ces perles, tandis que L'Oréal a promis de ne plus développer de nouveaux produits contenant des perles.

Les débris repêchés du lac Érié contenaient au moins deux produits cancérogènes qui peuvent aussi provoquer des malformations congénitales: le HAP, un sous-produit de l'incinération du charbon et de produits pétroliers, et le BPC, qui était utilisé dans les transformateurs électriques et les systèmes hydrauliques avant d'être interdit en 1979.