Dans sa chronique sur le sort du Mount Stephen Club publiée mardi dernier dans La Presse+, Lysiane Gagnon s'en prend à l'Université McGill pour des enjeux entourant la préservation et l'architecture dans le Golden Square Mile survenues il y a 40 ans.

Mme Gagnon omet toutefois de souligner la contribution significative et la responsabilité que l'université a assumée, parfois seule, dans le maintien des joyaux architecturaux dans ce secteur magnifique de notre métropole. Au cours de ses presque 200 années d'histoire, McGill a acquis ou construit des édifices pour répondre à ses besoins, édifices qu'elle a maintes fois dû adapter pour qu'ils respectent les normes toujours évolutives en matière d'enseignement, de recherche et de vie étudiante.

McGill possède aujourd'hui à elle seule la plus importante collection d'édifices patrimoniaux à l'extérieur du Vieux-Québec et du Vieux-Montréal, des bâtiments qui sont de plus situés au coeur d'un milieu névralgique et très réglementé de notre ville : l'arrondissement historique et naturel du mont Royal. L'intégrité du campus de McGill et la qualité de son parc immobilier font partie intégrante du visage de Montréal, et l'université se fait une fierté d'en faire la promotion partout dans le monde.

Tout au long de son histoire, McGill s'est efforcée de maintenir l'intégrité de ces édifices en investissant, dans la mesure où ses moyens le lui permettaient, dans leur entretien et leur adaptation tout en évitant que de tels investissements nuisent à sa mission première à titre d'institution d'enseignement supérieur de calibre mondial.

FINANCEMENT INSUFFISANT

Cela dit, McGill n'en est pas moins confrontée à un problème presque insurmontable, puisque le financement accordé par le gouvernement du Québec aux universités pour l'entretien de leurs bâtisses - historiques ou modernes - représente environ la moitié seulement de celui dont elles auraient besoin. Dans le cas des édifices à valeur patrimoniale, qui nécessitent des ressources encore plus importantes, le déficit accumulé atteint maintenant un niveau qui menace l'intégrité du portefeuille immobilier et qui pourrait nuire au rendement de l'université. 

Il faut de toute urgence restaurer de nombreux édifices afin qu'ils répondent aux nouvelles normes en matière de systèmes mécaniques, d'enveloppes (plusieurs bâtisses comportent une façade en pierre grise historique), de fenêtres, de toits, d'enlèvement de l'amiante, etc.

La menace que fait peser la situation actuelle a incité McGill à adopter des mesures rigoureuses, dont un important programme d'emprunt visant à générer les ressources dont elle a besoin de toute urgence - et qui vont bien au-delà du financement octroyé par l'État - pour effectuer l'entretien et les réfections prioritaires de ses édifices.

Qui plus est, McGill étudie la possibilité de se porter acquéreur du site de l'Hôpital Royal Victoria, adjacent à son campus, en vue de répondre à ses besoins futurs. Une telle initiative représente une autre contribution marquante à la préservation du caractère historique du mont Royal et du centre-ville de Montréal.

En outre, McGill a réalisé une étude exhaustive des caractéristiques historiques de son parc immobilier et investi des dizaines de millions au cours des dernières années pour assurer la réfection et la restauration de nombreux édifices. L'ensemble de ces réalisations mérite d'être reconnu et témoigne éloquemment de l'engagement indéfectible de McGill envers le patrimoine architectural de Montréal et la mise en valeur du mont Royal, et ce, tout en livrant sans relâche sa mission éducative première.

* L'auteur siège au Comité des terrains et bâtiments du Conseil des gouverneurs de l'Université McGill. Il réalise actuellement une analyse stratégique du portefeuille immobilier détenu par McGill au centre-ville de Montréal.