Les projets de pipelines vont toucher Montréal. La raffinerie Shell a fermé en 2010, et l'avenir de celle de Suncor est régulièrement mis en doute. La population montréalaise, dont 16% des ménages sont à faible revenu, va être rapidement touchée par les hausses du prix de l'électricité demandées par Hydro-Québec. Alors que le Québec vise 25% de moins d'émission de gaz à effet de serre (GES) en 2020, la ville Montréal est encore plus ambitieuse: moins 30%.

Pourtant, les questions énergétiques et environnementales ont été très peu présentes dans la campagne électorale municipale. Pour se faire une meilleure idée du positionnement des quatre principaux candidats à la mairie sur ces enjeux, il faut lire leur plateforme électorale.

Commençons par l'énergie. Dans le cas des plateformes de Coderre (9 pages web sur 9 thèmes différents) et de Joly (un document de 25 pages présentant 10 actions), le mot «énergie» n'apparaît nulle part. Bergeron, dans son programme de 32 pages (avec 6 catégories d'engagements), ne propose qu'une chose: «promouvoir les technologies d'énergie renouvelable». Côté, aussi dans une plateforme de 32 pages avec 20 engagements, est le seul candidat qui mentionne explicitement l'élaboration d'un «un plan d'action visant à réduire la consommation d'énergie». On se retrouve donc avec des candidats qui ne mettent pas de l'avant, ou très peu, les liens étroits unissant ville et énergie.

Avec la consommation d'énergie viennent les GES. Montréal est déjà exemplaire à cet égard, avec des émissions par habitant de seulement 7,5 tonnes par année, contre 10,4 au Québec et 20,4 au Canada. Pourtant, malgré ce bilan enviable laissant peu de gains «faciles», la ville s'est donné en 2005 un objectif encore plus contraignant que l'objectif québécois: une réduction de 30% par rapport au niveau de 1990. 

La part du lion de cette réduction reste à réaliser, puisque nous n'avions réduit nos émissions que de 6% en 2009. Aucun candidat ne dit mot sur les GES, sauf Marcel Côté, qui a le courage de s'engager à «élaborer et mettre en oeuvre un plan de réduction des émissions de GES qui permettra d'atteindre nos objectifs pour la période 2014-2020».

Le principal secteur responsable des émissions de GES à Montréal est le transport, qui est aussi un grand consommateur d'énergie. À ce sujet, les plateformes des candidats sont toutes très bien garnies. Mélanie Joly est cependant la plus avare de détails: elle se limite à mettre de l'avant le service rapide par bus (SRB). Autant Bergeron que Côté misent sur le transport durable, collectif et actif, avec des détails intéressants et convergents - mis à part le tramway, que seul Bergeron défend. Denis Coderre place «la ville mobile» au tout début de ses engagements et propose des innovations institutionnelles sans doute nécessaires pour faire progresser la mobilité à Montréal: consolider les responsabilités en transport à la Communauté métropolitaine de Montréal et donner à la STM la responsabilité des BIXI et de Stationnement de Montréal, ce qui permettrait de donner une plus grande cohérence dans l'offre de transports alternatifs à l'auto-solo. Les engagements de Bergeron et Côté restent cependant les plus complets et les mieux construits.

En somme, si le choix des Montréalais devait se baser sur ce que disent les plateformes en matière d'énergie et d'environnement, seuls Marcel Côté et Richard Bergeron mériteraient d'être élus, avec un léger avantage à Marcel Côté.

Le peu de place de ces sujets dans les discussions ne doit pas occulter la réalité: les enjeux énergétiques et environnementaux affecteront Montréal dans les années à venir. Une ville ne vit pas sans énergie ou hors de son environnement.