En matière de culture et d'immigration, la plupart des Canadiens sont naïfs et complaisants. Le résultat d'une vie trop loin des anciennes inimitiés des terres ancestrales et de générations qui ne connaissent ni la guerre ni la privation, peut-être.

Le Québec voit venir ce que le Canada ne peut voir et se fait traiter de raciste et de fasciste quand il agit pour prévenir la situation. Dans le reste du Canada, la défense réactive du multiculturalisme met un terme à toute discussion sur les aspects de différentes cultures qui sont indésirables.

La société québécoise n'a jamais adopté le multiculturalisme comme principe, alors elle peut plus facilement et objectivement évaluer ce qui ne concorde pas avec ses valeurs culturelles et qui est donc indésirable.

Plutôt que d'être fermés aux autres cultures, les Québécois fêtent les aspects désirables de ces cultures en fréquentant les festivals, les arts, les restaurants, les prestations musicales, les spectacles de danse, etc. L'appréciation culturelle des Québécois s'arrête lorsqu'elle se heurte aux idées injustes ou même dangereuses. Il ne s'agit pas ici de racisme. Il s'agit plutôt d'ingénierie sociale à son meilleur.

Depuis des décennies, l'Ouest se débarrasse progressivement de l'influence de la religion chrétienne. Les droits reproductifs, les droits des homosexuels, les droits des femmes - voici quelques exemples des bienfaits de cette lutte. Les Canadiens vont-ils vraiment rester oisifs devant la croissance d'une vague religieuse encore plus conservatrice et répressive dans l'Ouest, qui remet en question ces droits durement acquis et qui s'attaque à leur applicabilité universelle en demandant des «accommodements religieux» ? N'y a-t-il pas une identité commune à l'échelle des démocraties libérales qui ne veut pas voir cela se produire?

Il serait erroné de tenir pour acquise cette identité, comme si elle ne pouvait jamais être menacée ou modifiée de manière indésirable. La survie de l'ordre libéral n'est pas assurée, car ce dernier est aux prises avec une période économique difficile, un corporatisme opaque, l'érosion de la classe moyenne et le potentiel de conflit créé par la rareté des ressources.

Dans ce contexte, on penserait que la dernière chose qu'une démocratie libérale voudrait tolérer serait un risque interne à la survie de nos valeurs, que ce soit l'arrivée de l'islam sur nos rives, la résurgence de la chrétienté avec l'arrivée de gens de l'Amérique latine et d'ailleurs, ou encore les décrets incroyablement répressifs du judaïsme orthodoxe.

Présentement, les immigrants religieux ne forment qu'une petite proportion de la population du Québec. Appliquer une loi sur la laïcité maintenant au lieu d'attendre que cette proportion augmente signifie que le moins de gens possible seront affectés.

Tous les nouveaux immigrants à partir de maintenant sauront à quoi s'attendre au lieu de voir une loi leur être imposée à la suite de leur arrivée. Ceci préviendra le genre de situation que l'on observe en France, où il y avait déjà une grande proportion d'immigrants religieux au moment de l'adoption d'une telle loi. Le PQ ne fabrique pas la crise. Bien au contraire, il l'évite.