Je suis un partisan de la charte des valeurs québécoises et pourtant, je ne suis pas raciste. Dans mon entourage, il y a des gens de différentes origines et religions. J'ai du respect pour leurs croyances et leur dieu, qu'il se nomme Yahvé, Allah ou Bouddha. Je ressens une grande fierté de voir que mon Québec est ouvert sur le monde et que des immigrants de différentes cultures et confessions s'installent ici pour de bon.

Je suis tout aussi fier de voir qu'on a pu, à un certain moment, tenter d'accommoder quelques-uns d'entre eux, à tort ou à raison. Je serai plus fier encore quand mon État sera laïc, de la base au sommet.

J'ai beaucoup lu sur le sujet. Du projet de loi sur la charte, en passant par des articles d'opinion de différentes allégeances et par des commentaires positifs et négatifs sur les réseaux sociaux. Ce que je constate, c'est que beaucoup sont prêts à déchirer leur chemise pour faire valoir leur point de vue. Pourtant, ce dont il devrait s'agir, c'est d'une discussion. Discutons donc.

Le débat sur les valeurs québécoises n'arrive sans doute pas à point nommé, puisque de crise, il n'y a pas. Mais ce débat, il devra avoir lieu tôt ou tard. Disons que c'est un débat préventif.

En 2012, le Québec accueillait 55 036 immigrants, et ce chiffre revient bon an mal an à quelques milliers près. Il me semble alors tout à fait justifié qu'on analyse l'impact de leur installation au Québec et leur niveau d'intégration au «nous» inclusif. De toute façon, il n'y a pas de honte à discuter de la question. Comme il n'y a pas de honte à vouloir baliser la laïcité de notre État québécois. Et il est normal qu'après neuf ans de «gestionnite» libérale, on ne soit plus habitué aux débats de société!

Dans ce projet, il n'y a pas de mépris des minorités. Il n'y a pas non plus de vendetta contre une religion en particulier. Il y a une tentative de tracer une ligne plus claire entre la religion et l'État, rien de plus, rien de moins. C'est une tentative de neutraliser ce qu'on a appelé les accommodements déraisonnables.

La méthode peut sembler douteuse et le projet mal ficelé, mais a priori, le fond est très intéressant. Et le propre d'un projet, c'est qu'il peut et doit évoluer. La discussion est ouverte, cessons de verser dans le mélodrame et de soulever le spectre de la fracture sociale. Discutons et faisons-le intelligemment.

Je n'ai rien contre le fait qu'une femme porte le voile dans un CPE. Elle n'est pas moins compétente ni plus susceptible d'imposer sa religion. Mais je suis pour la laïcité de l'État dans ses plus subtils retranchements. Un service gouvernemental, délivré par un État qui se dit laïc, se doit d'être sans couleur politique ou religieuse. À Rome, on doit vivre comme les Romains. C'est une marque de respect pour celui qui reçoit.

Cependant, cessons d'être hypocrites. Le crucifix de l'Assemblée nationale n'a pas sa place au Salon bleu. Il peut rester au parlement, mais pas dans l'enceinte où l'on vote les lois. L'État québécois doit être laïc, point.

Je n'ai pas non plus envie de voir un député ou un ministre porter un signe dit ostentatoire. Je ne souhaite pas que les lois votées à l'Assemblée nationale soient teintées d'une croyance ou d'une autre. Je veux que mon Québec gouvernemental soit consensuel et neutre. En tout temps. En tout lieu.

Je ne suis pas raciste et je suis pour la charte des valeurs québécoises, mais je suis aussi pour plus de cohérence.