Nous tous au Québec - et je vise vraiment tout le monde - avons laissé la langue devenir une préoccupation qui joue à notre désavantage.

La situation a empiré récemment lorsque le gouvernement minoritaire actuel a pris une position qui, sous prétexte de protéger la langue française, est foncièrement répressive à l'égard des autres langues. Cette attitude a diminué le respect avec lequel le Québec est considéré dans le monde et aura un effet préjudiciable sur notre avenir tant qu'elle perdurera.

Il n'y a qu'en Amérique du Nord où on considère que parler une seule langue passablement bien est une grande réussite. Il suffit de se tourner vers l'Europe pour constater à quel point il est avantageux de pouvoir s'exprimer en plusieurs langues. Est-ce que l'Allemand qui parle français, anglais et espagnol est moins Allemand? Suis-je moins un Québécois anglophone si je parle français et espagnol? Est-ce qu'un Québécois francophone se trouve diminué du fait qu'il parle anglais, espagnol ou italien? Bien sûr que non! On ne perd pas son identité culturelle parce qu'on parle une autre langue. Au contraire, on élargit son ouverture sur le monde et ce faisant, on comprend encore mieux son propre bagage culturel.

Nous devons tout faire en notre pouvoir pour empêcher que la langue ne devienne une arme politique entre les mains des personnes ou partis qui ne cherchent pas à appliquer des principes raisonnés, mais uniquement à se faire élire ou réélire. Quel état d'esprit peut bien animer les politiciens du Québec qui se plaignent du «bilinguisme galopant» dans une ville de renommée mondiale comme Montréal? Ça leur est égal si le Québec risque de devenir un ghetto, si son importance diminue, son économie stagne et sa dette explose.

Il nous faut un plan stratégique de réussite, qui encourage tous les gens du Québec à saisir l'occasion d'apprendre à parler et à écrire au moins deux langues, et idéalement encore plus. Les dirigeants de demain seront ceux qui communiquent le mieux. Or, la langue est l'élément essentiel de la communication.

Réclamez des chefs politiques - de tous les partis - qu'ils s'engagent à faire progresser le Québec. Leur mentalité de somme nulle a déjà coûté beaucoup trop cher au Québec. Il nous faudra du temps pour nous en remettre, mais un Québec bien formé et ouvert sur le monde sera beaucoup mieux placé sur la voie du progrès que les autres parties du monde dénuées d'aptitudes et de moyens linguistiques.

Tenter d'ériger un mur linguistique autour du Québec est précisément ce qu'il faut éviter. Tout le talent et le capital que nous avons intérêt à attirer resteront plutôt à la porte du Québec. Nos meilleurs éléments, francophones, allophones et anglophones, préféreront quitter le Québec, emportant avec eux leur talent et leur capital.

Réclamez des chefs politiques - de tous les partis - qu'ils s'inscrivent en faux contre cette stratégie perdante. Réclamez des députés de tous les partis qu'ils contestent ce manque de direction. Opposez-vous vigoureusement à tout parti ou candidat qui ne s'engagera pas à donner au Québec les ressources qu'il lui faut pour affronter les difficultés ardues qui l'attendent.

Ce n'est pas un problème qui concerne quelqu'un d'autre. C'est notre problème, à nous tous. Et nous ne nous en sommes pas occupés assez sérieusement. Ne passons pas à l'histoire comme des incompétents, des incapables et des timorés. Le temps est venu de renverser la spirale descendante. Si nous aimons vraiment le Québec, nous pouvons y arriver.