Alors que la «surprise d'octobre» émane habituellement de la Maison-Blanche et sert à avantager le président sortant lors de l'élection de novembre, c'est Mère Nature, cette année, qui aura probablement permis à Barack Obama de remporter une élection qui s'est avérée somme toute moins serrée que prévue. Le président démocrate doit cependant cette victoire en bonne partie à l'ouragan Sandy qui a frappé l'est des États-Unis la semaine dernière, mais également à des indicateurs économiques encourageants et surtout d'un opposant républicain très peu inspirant.

Il faut dire qu'Obama a très rapidement réagi pour aider la population lors de l'ouragan de la semaine dernière : avant même que l'ouragan touche la côte est, le 29 octobre, il a fait un discours à la nation dans lequel il enjoignait la population à écouter les conseils de sécurité des autorités locales. Surtout, il a affirmé clairement et fermement que l'élection passait en second dans ce genre de circonstances et que «la priorité était de sauver des vies». Ce faisant, il reprenait là son rôle de président et de chef d'État. Obama a réussi à le faire de si bonne façon que très rapidement, deux figures politiques significatives lui ont donné leur appui et lui ont fait des éloges aussi inattendus que bienvenus: le maire de New York, Michael Bloomberg, et Chris Christie, le gouverneur républicain du New Jersey et vedette montante du parti (à qui Mitt Romney a d'ailleurs offert la vice-présidence avant d'arrêter son choix sur Paul Ryan). À partir de ce moment, Obama est passé devant Romney pour la première fois depuis la veille du troisième débat, le 22 octobre.

Quelques jours plus tard, Obama menait les sondages - de peu il est vrai - dans les huit principaux États-clés. Pendant ce temps, Romney était assailli par des journalistes qui n'ont pas manqué de lui rappeler que lors des primaires républicaines, il avait affirmé que la Federal Emergency Management Agency (FEMA) devait être privatisée et que le secteur privé dans son ensemble serait plus efficace pour gérer les catastrophes naturelles. Il n'a cependant répondu à aucune question à ce sujet.

Même si Sandy a joué un rôle dans la réélection d'Obama, il ne faut toutefois pas négliger l'importance des indicateurs économiques dans la victoire du démocrate. En effet, les derniers indicateurs ont été publiés le 2 novembre et permettaient de croire en l'amélioration de l'économie américaine: l'indice de confiance était à son plus haut sommet depuis 2008, le secteur de la construction résidentielle était en nette hausse (ce qui est souvent générateur d'emplois), le nombre de nouvelles inscriptions à l'assurance-emploi était en baisse pour la première fois depuis des mois, plus de 170 000 emplois avaient été créés en octobre et le taux de chômage se maintenait sous la barre des 8%. L'importance de l'économie étant ce qu'elle est lors de l'élection présidentielle («c'est l'économie, stupide!», comme l'affirmait un des stratèges de Clinton en 1992), ces bonnes nouvelles sont arrivées à point pour Obama.

Quant à Mitt Romney, il a eu de la difficulté pendant presque toute la saison des primaires à faire sa marque et à remporter l'adhésion même des plus fervents républicains. Il ne faut donc pas se surprendre que les électeurs n'aient pas vu en lui le chef d'État dont ils ont besoin pour améliorer leurs conditions de vie. Difficile à dire, donc, si cette victoire démocrate est surtout due aux avantages dont Obama a pu bénéficier dans les derniers jours de la campagne, ou si c'est Romney qui a été incapable de convaincre qu'il était prêt à gouverner le pays. Il y a cependant fort à parier que le Républicain n'aura pas une deuxième chance de passer aussi près de la Maison-Blanche.