Massacres au Kenya, au Pakistan, en Irak: les derniers jours auront encore une fois été marqués par la terreur islamiste. L'attentat le plus meurtrier s'est produit à Peshawar, où 80 civils chrétiens ont été tués à la sortie d'une église, victimes de deux kamikazes probablement associés aux talibans pakistanais. En Irak, plusieurs attentats ont fait plus de 100 morts en trois jours, portant à près de 500 le nombre de victimes, depuis le début du mois, de la guerre ouverte entre chiites et sunnites.

Cependant, comme on le sait, l'événement le plus spectaculaire, et planifié pour l'être, est survenu à Nairobi.

L'assaut contre le centre commercial Westgate a fait au moins 62 morts, dont deux Canadiens. Et ce bilan pourrait s'alourdir: des otages étaient toujours introuvables en fin de journée, hier. L'opération de la police kényane n'était pas terminée après presque trois jours d'affrontements sporadiques.

Et de la fumée noire s'échappait toujours de l'immeuble.

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Les islamistes Shebab (signifiant: «la jeunesse») qui ont pris d'assaut le centre commercial de Nairobi font partie de l'un des plus puissants groupes liés à Al-Qaïda, officiellement depuis février 2012.

Successeurs en 2006 de l'Union des tribunaux islamiques, ils ont régné pendant quelques années sur une grande partie du territoire somalien dont la capitale, Mogadiscio. Ils semaient alors la terreur, la famine et la mort, s'appropriant les secours alimentaires étrangers, surtout américains; attaquant des églises à la grenade; imposant la version la plus stricte de la charia; multipliant les actes de banditisme pur et simple. 

Oussama ben Laden leur a déjà reproché leur extrême violence, selon des documents trouvés dans sa redoute d'Abbottabad. 

Ce n'était pas la première fois, ce week-end, que les Shebab frappaient au Kenya. En 2010, ils avaient aussi mené en Ouganda, lors de la Coupe du monde de football, une opération qui avait fait 78 morts. La même année, un homme présumément lié au groupe terroriste tentait d'assassiner le danois Kurt Westergaard, l'un des auteurs des fameuses caricatures de Mahomet.

Or, si les Shebab ont subi des reculs en Somalie, notamment chassés de la capitale en 2011, leur terrain de chasse envisagé serait maintenant la scène internationale. Ils auraient recruté des dizaines d'Américains convertis à l'islam et à la terreur ainsi qu'un certain nombre de Canadiens dont l'un est soupçonné d'avoir participé au raid de Nairobi.

Comme le Yémen, la Somalie semble donc devenir à la fois un pôle d'attraction pour les fous d'Allah, une base sûre comme le fut jadis l'Afghanistan, un quartier général pour l'actuelle offensive islamiste en Afrique. C'est la continuation d'une guerre asymétrique, mais redoutablement efficace, dont - soyons francs - nous ne nous préoccupons plus.

Cette indifférence durera jusqu'au jour où une capitale occidentale sera à nouveau frappée.