Les Québécois ont bien rigolé en 2010 lorsque Jean Charest s'est vu décerner l'International Climate Leadership Award pour son travail «inspirant» dans le dossier climatique. Surtout lorsqu'ils ont appris qu'on baptisait une forêt en son nom en Australie...

Eh bien quatre ans plus tard, force est de reconnaître que la communauté internationale avait raison de souligner le travail du premier ministre: le Québec est une des juridictions à avoir atteint la cible fixée dans la foulée du protocole de Kyoto.

Le tout récent inventaire canadien de gaz à effet de serre révèle que la province a réduit ses émissions de 6,8% entre 1990 et 2012, soit un peu plus que les 6% visés.

Il s'agit d'une très bonne nouvelle à un moment où elles sont rares, comme le note Hugo Séguin, chercheur en politiques climatiques au CERIUM. Une triple bonne nouvelle, en fait.

D'abord, le Québec a honoré sa promesse, un exploit quand on sait qu'il n'a pas reçu beaucoup d'aide du fédéral. Ce dernier a certes resserré certaines normes, mais il a surtout jeté à la poubelle tous les programmes susceptibles de tirer par le bas les gaz à effet de serre du pays, et donc des provinces. Les émissions canadiennes ont ainsi bondi de 18,3%, ce qui a rendu la tâche d'autant plus difficile au Québec.

Ensuite, cette baisse d'émissions s'est faite dans un contexte d'emballement économique et démographique. Cela tend à prouver qu'écologie peut rimer avec économie, à condition de diminuer significativement l'intensité des émissions, ce qu'a fait le Québec en coupant de 30% la quantité de gaz à effet de serre émise pour chaque unité de production.

Enfin, cette réussite démontre que les gestes individuels et gouvernementaux peuvent faire une différence. Contrairement aux juridictions dont l'énergie est de source fossile, le Québec ne pouvait se contenter de réorienter sa stratégie énergétique. Il a dû multiplier les actions des uns et des autres.

Les contrecoups économiques ont certes aidé, mais les dizaines de millions dépensés chaque année pour inciter les entreprises à tourner le dos aux carburants fossiles aussi. Tout comme les millions investis dans la modernisation d'équipement et les programmes de conversion du mazout au gaz.

Les citoyens, pour leur part, ont joué un rôle en optant davantage pour le transport en commun. Aidés par le gouvernement libéral qui a investi dans le développement du service (et resserré les normes d'efficacité des véhicules à moteur), les navetteurs ont pu réduire les émissions provenant du parc automobile de 13,6%.

Le Québec peut-il se péter les bretelles? Non, surtout quand on voit que les baisses d'émissions de certains secteurs sont neutralisées par des hausses ailleurs. Les gaz à effet de serre de l'agriculture ont augmenté, par exemple, et ceux du transport ont explosé en raison des émissions des camions lourds et légers.

N'empêche, le Québec a fait ce qu'il avait promis de faire. Et cela, dans un contexte de démobilisation internationale, mérite d'être salué.

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