Les libéraux de Jean Charest ont fait perdre à Montréal son titre de métropole. Le lui redonneront-ils sous Philippe Couillard? Espérons-le, mais rien n'est garanti.

En élisant 21 députés du Parti libéral sur une possibilité de 28, Montréal a donné à nouveau un mandat fort aux libéraux, surtout en ajoutant les six élus de Laval. Pas sorcier, les deux îles ont été pratiquement peintes en rouge.

Et pourtant, un vote fort pour le parti au pouvoir n'est pas nécessairement un gage d'intérêt pour le coeur de la région métropolitaine. Ce fut même l'inverse jusqu'ici, alors que le gouvernement Charest a tenu Montréal pour acquis pendant près de 10 ans, portant toute son attention sur le reste du Québec (pour ne pas dire Québec).

Les libéraux de M. Couillard marcheront-ils dans les pas des libéraux de M. Charest? Il serait présomptueux de l'affirmer, mais il est impossible de l'infirmer: les engagements du nouveau premier ministre en faveur du Grand-Montréal sont tout simplement trop sommaires.

Disons-le, par sa seule élection, le chef du PLQ redonnera à Montréal une paix sociale perturbée depuis le lancement de la Charte, un gain immense. Le gouvernement Marois était certes volontaire sur le front montréalais, mais ses actions étaient malheureusement occultées, pour ne pas dire neutralisées par sa politique identitaire de la terre brûlée.

Cela dit, la question de la Charte mise à part, on ne peut pas dire que l'on sait où loge M. Couillard par rapport à Montréal. Il semble avoir de belles intentions, mais il en a trop peu dit pour s'assurer qu'il ne s'agit pas, justement, que de belles intentions.

Le premier ministre souhaite reconnaître formellement le «statut de métropole» de Montréal, par exemple, mais on ne sait trop ce que cela implique. Même chose pour la diversification des revenus de la Ville et l'accroissement de ses pouvoirs.

Quant aux autres promesses faites à la métropole, elles ne la concernent qu'indirectement. Pensons à la modification des régimes de retraite, à l'augmentation des investissements dans les infrastructures, au Plan Nord «amélioré» et à la Stratégie maritime.

Or la reconnaissance de la métropole commence justement là, dans le traitement particulier qui devrait lui revenir. N'étant pas une municipalité comme une autre, elle ne peut simplement être une simple bénéficiaire des programmes uniformes du gouvernement.

Au-delà de l'inspecteur général et du recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, deux dossiers en faveur desquels le PLQ s'est engagé, Philippe Couillard devra donc baliser ce fameux «statut», préciser sa vision de la mobilité et du financement des transports collectifs, détailler ses ambitions quant à l'immigration, à l'exode des familles, à l'itinérance, etc.

Grâce aux Daoust, Leitao, Coiteux, David, Birnbaum et Heurtel, le nouveau gouvernement libéral peut compter sur une équipe montréalaise renouvelée. Il doit maintenant montrer qu'il a aussi une approche renouvelée.

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