En attirant les Blue Jays à Montréal, evenko croyait vendre 25 000 billets, tout au plus. Il s'en est écoulé 35 000 pour le match de ce soir... et tout près de 50 000 pour celui qui sera présenté demain.

Il y a certes un peu de nostalgie dans ce retour massif vers le Stade, mais il y a aussi, fort probablement, un intérêt latent pour ce sport ayant quitté la métropole il y a 10 ans. Une effervescence qui envoie un message aux membres les plus influents du Montréal inc.: il vaut la peine d'investir à la fois dans le Parc olympique et le baseball... même si l'un n'a pas d'impact sur l'autre.

Cette impressionnante vente de billets prouve en effet, d'abord, qu'il est encore possible d'attirer les foules dans le quartier olympique, même s'il est «trop dans l'est» au goût de certains.

On le voit avec l'attrait des deux matchs de baseball. On le voit avec la popularité de l'Espace pour la vie (Planétarium, Biodôme et Jardin botanique), qui a attiré 2,7 millions de visiteurs l'an dernier. Et on le voit avec l'affluence de l'Esplanade du Parc olympique, un lieu dynamique depuis un an... qui avait été carrément abandonné pendant les 35  années précédentes!

Tout cela milite pour la construction d'un nouveau toit sur le Stade, amovible au mieux, mais fixe si nécessaire, même si le baseball n'y a pas d'avenir comme tel. Le Stade est un actif entièrement payé, mais sous-utilisé. Il vaudrait donc la peine d'allonger les millions manquant pour en tirer profit.

Une simulation des firmes KPMG et SECOR a révélé qu'il serait possible de faire passer de 136 à 211 le nombre de jours d'occupation du Stade simplement en attirant les événements qui s'y sont déjà tenus. Il suffirait de quelques événements de plus pour que les lieux soient animés à l'année.

La responsabilité du toit revient certes au gouvernement, mais aussi au Montréal inc. Il sera plus facile d'investir dans une telle structure le jour où ce dernier s'engagera à contribuer au financement de la mise en valeur du pôle olympique, comme l'ont déjà envisagé les Saputo, Bronfman et Beaudoin.

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La deuxième chose que prouve la popularité des matchs de baseball, c'est que le retour des Expos n'est pas farfelu, même s'il passe par la construction d'un nouveau stade. Un engagement plus actif de la communauté d'affaires dans ce projet ne serait donc pas vain.

On la sait déjà intéressée, bien sûr. Une étude a été financée par la Chambre de commerce à la suite des conclusions favorables du Conference Board. Mais dans un contexte où les finances publiques sont en piteux état et les gouvernements délaissent le financement des stades, une telle aventure doit absolument être privée.

La Ville et le gouvernement auraient certes à s'impliquer, mais un tel projet doit néanmoins s'appuyer sur un modèle d'affaires 100% privé. Ou il ne verra pas le jour.

Les matchs de ce soir et de demain ramèneront le Stade et le baseball dans l'imaginaire collectif, mais le privé a le pouvoir de les ramener dans le quotidien des Montréalais.

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