La situation financière de Montréal est plutôt bonne, par les temps qui courent. Le marché immobilier, malgré ses soubresauts, est encore très actif. La cote de crédit est à un sommet historique. Le dernier exercice financier s'est conclu par un léger surplus.Mais il n'en reste pas moins que cet équilibre est très fragile, d'autant que la Ville est très dépendante des impôts fonciers. En un mot, Montréal ne roule pas sur l'or, il importe donc à la fois de réduire les dépenses et d'augmenter les revenus.Et pourtant, tous les candidats ont de bien beaux projets dans leurs plateformes. Comment comptent-ils les financer?

Pas une ville pauvre

Richard Bergeron

Chef de Projet Montréal

Montréal n'est pas une ville pauvre, devant se résigner au pense-petit. D'ici 2017, les budgets d'exploitation de la Ville et de la STM approcheront 30 milliards de dollars, plus 6 milliards du côté des budgets d'investissement. C'est plus qu'il n'en faut pour oser rêver notre ville! Limitons-nous ici aux deux legs du 375e.

Un milliard sera investi dans le tramway. S'agissant d'une priorité, le nouveau programme d'Infrastructure Canada et les autres programmes gouvernementaux seront sollicités. Au moins la moitié de la somme devra néanmoins être financée par emprunts de la Ville. On se faisait chaque année voler 100 millions à même nos budgets d'investissement: l'intégrité d'une administration Projet Montréal permettra que cette somme soit désormais investie au bénéfice de la population. Le montage financier du tramway devra de toute façon être approuvé par Québec, ce qui offre l'ultime garantie que pourraient exiger les contribuables. Quant à l'impact du tramway sur le service de la dette, il sera d'au maximum 75 millions durant la période 2014-2017, soit à peine trois millièmes du budget d'exploitation de la Ville.

Pour l'Entrée maritime, une administration Projet Montréal exigera du ministère des Transports que les

1,5 milliard de dollars réservés pour la rue Notre-Dame Est soient investis non pas dans la construction d'une autoroute en tranchée, qui couperait les Montréalais de leur fleuve pour quatre autres générations, mais bien sous la forme d'un boulevard urbain du 21e siècle permettant d'ouvrir une large fenêtre sur le fleuve, en plus qu'il deviendra la colonne vertébrale d'un nouveau quartier - une formidable opportunité d'affaires pour le privé - devant accueillir jusqu'à 20 000 habitants.

Ayons confiance en nous-mêmes et en l'avenir de notre ville. Ce que nous avons réussi il y a 50 ans avec le métro et l'Expo, nous pouvons aujourd'hui le réussir avec le tramway et l'Entrée maritime.

Photo archives La Presse

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal.

Une gestion responsable

Denis Coderre

Chef d'Équipe Denis Coderre

Durant la présente campagne électorale, notre équipe a pris des engagements très conservateurs sur le plan financier: au lieu d'annoncer des mégas projets, nous avons plutôt mis l'accent sur la nécessité d'un leadership fort pour faire avancer les travaux qui sont déjà en cours.

Certains trouvent que nous manquons d'ambition. Je crois plutôt que notre vision est pragmatique et réaliste. La dernière chose que les Montréalais souhaitent, c'est une administration qui retombe dans les abus du passé et qui jette leur argent par les fenêtres.

J'ai toujours refusé de m'engager à geler les taxes foncières; le faire aurait représenté un geste irresponsable alors que l'incertitude demeure quant à la situation financière de la ville. Allons-nous avoir des surprises au lendemain du 3 novembre? Qu'allons-nous hériter de l'administration précédente?

Nous devons donc agir en gestionnaires responsables, examiner comment l'argent est dépensé afin d'avoir l'heure juste une fois que nous serons en poste. Dans un tel contexte, le mieux que nous pouvons promettre est de limiter l'augmentation des taxes municipales au taux d'inflation.

Par contre, une fois en poste, nous assurerons une gestion serrée des dépenses, en plus d'initier une revue des processus internes et de l'efficacité de nos programmes. On peut aussi prévoir que les nouvelles mesures que nous mettrons en place pour contrer la collusion et la corruption nous permettront d'obtenir de nos fournisseurs des biens et services au juste prix du marché: on pourra donc en avoir plus avec notre argent.

Nous poursuivrons également la recherche de nouvelles solutions de financement, notamment en ce qui concerne le transport collectif, que nous voulons financer par les revenus du stationnement. C'est une idée dont la faisabilité sera étudiée dès notre arrivée au pouvoir. Parce que le péage n'est pas une solution magique, et il va créer plus de problèmes qu'il n'en résoudra.

Photo Olivier PontBriand, La Presse

Denis Coderre

Marge de manoeuvre

Marcel Côté

Chef de la Coalition Montréal - Marcel Côté.

D'abord, il faut savoir que plusieurs projets de la coalition seront financés par le gouvernement du Québec, tels que l'augmentation du nombre de logements sociaux et l'aménagement de voies réservées au transport en commun.

Ensuite, la Coalition entend réduire les coûts d'exploitation de la Ville en assurant une gestion rigoureuse et responsable. Une baisse d'à peine 5% des coûts de la ville centre pourrait représenter des économies de 50 millions, montant qui sera investi en totalité dans la réfection et la mise à niveau des infrastructures comme les rues et les trottoirs. Par ailleurs, la transformation en profondeur de la dynamique financière de la Ville par l'établissement de contre-pouvoirs et de mesures visant à discipliner financièrement certains élus favorisera la réalisation d'économies appréciables.

En ce qui a trait à la marge de manoeuvre financière de la Ville, nous évaluons que la croissance de l'économie montréalaise et de l'assiette foncière (augmentation du rôle d'évaluation, nouvelles constructions, rénovations, etc.) entraînera une hausse additionnelle des revenus annuels de l'ordre de 1,5%, soit environ 75 millions par année.

Parmi les dépenses récurrentes liées à nos projets et qui seront financées par la Ville, on trouve l'élargissement à tous les étudiants à temps plein du tarif réduit de la STM (9 M$), la mensualisation du paiement des taxes foncières (3 M$) et un ensemble d'autres initiatives, dont la création du Conseil des aînés et du poste de commissaire à l'éthique (12 M$).

Au total, la hausse récurrente des dépenses sera donc de 24 M$ par année, ce qui est bien inférieur à la marge de manoeuvre annuelle prévue de 75 M$ et qui laisse un surplus d'environ 50 M$, lequel pourrait toutefois s'amenuiser au gré des contributions de la Ville, en particulier à la STM et aux régimes de retraite des employés municipaux.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Marcel Côté

Réaliste et ambitieux

Mélanie Joly

Chef du Vrai changement pour Montréal - Groupe Mélanie Joly

À la fois réaliste et ambitieux, notre plan, comprenant 10 grandes actions, respecte la capacité de payer des Montréalais et propose des solutions pour les financer.

D'entrée de jeu, un engagement: ne pas hausser les taxes municipales au-delà du taux d'inflation, et ce, pour l'ensemble de notre mandat.

La majorité de nos actions requièrent des dépenses ou des investissements limités et se basent sur une réorganisation des façons de faire. Par exemple, la diffusion des données municipales et la création de l'agence publique InfraMontréal pour planifier, coordonner et gérer les travaux d'infrastructures permettront d'assurer une plus grande efficience de l'administration et ainsi, réduire les dépenses. L'Opération 30 000 familles générera quant à elle 31 M$ supplémentaires en recettes foncières récurrentes à terme, en 2017, couvrant une partie des frais d'exploitation supplémentaires associés au projet de Service rapide par bus (130 km de SRB).

D'autre part, le financement des investissements et des dépenses supplémentaires est basé sur différentes sources.

Les investissements liés à la réalisation d'infrastructures seront financés par emprunt de la Ville de Montréal et par des subventions de Québec dans le cadre de programmes déjà annoncés.

Il faut réduire la dépendance de Montréal à l'impôt foncier. Nous demanderons au gouvernement du Québec 0,5% de la TVQ, ce qui représente 300 M$. Montréal doit avoir les moyens de son statut et pouvoir compter sur des revenus diversifiés, nous croyons que le gouvernement du Québec doit reconnaître le rôle particulier que joue Montréal dans l'économie du Québec.

Nous souhaitons accélérer le développement de Montréal et de son assiette foncière en proposant au secteur privé de clarifier l'approbation des projets; en échange du respect de la Stratégie d'inclusion du logement abordable et des exigences en matière d'architecture verte.

Montréal doit se donner les moyens de ses ambitions: nous les prendrons.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Mélanie Joly 

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