Le maire de Toronto, Rob Ford, est à nouveau sur la sellette. Plusieurs témoins affirment, vidéos à l'appui, l'avoir vu déambuler en état d'ébriété dans les rues de la ville, titubant, bégayant des paroles incohérentes, répétant à qui voulait l'entendre qu'il était à pied, non pas derrière un volant...

Ces images pathétiques constituent un autre dur coup pour la Ville reine, qui redevient ainsi la risée après cette histoire de consommation présumée de crack captée par vidéo. Mais c'est surtout un autre dur coup contre une institution - l'hôtel de ville - trop souvent déshonorée par les temps qui courent, à Toronto comme au Québec, d'ailleurs.

On s'entend, la vie privée de Rob Ford le regarde, lui et lui seul. Que sa femme ait porté plainte pour violence conjugale en 2008 (avant de la retirer), cela ne touche que son ménage. Qu'il ait été reconnu coupable de conduite en état d'ébriété il y a 10 ans, cela ne concerne que lui et la justice américaine. Qu'il ait eu des problèmes de dépendance dans une autre vie, c'est son affaire.

Mais ce qu'il fait publiquement depuis 2010 l'implique lui, la mairie, l'hôtel de ville, la Ville, qu'il le veuille ou non.

Que ce soit ses frasques lors d'événements publics, comme on a pu le voir lors de son expulsion du Garrison Ball pour ivresse présumée. Que ce soit ses écarts de conduite lors de soirées mondaines privées, comme ses avances sexuelles dénoncées par une ancienne candidate à la mairie. Ou que ce soit, simplement, l'état dans lequel il déambule dans sa ville, au milieu de ses commettants.

Voilà le propre d'un poste électif: celui qui est désigné devient "représentant". Il représente à la fois les électeurs devant la Ville et la Ville devant les électeurs. Tous les jours de son mandat, matin et soir, semaine et week-end.

La fonction de maire est ainsi plus grande que la personne qui l'occupe. Un fait qui semble pourtant échapper à un nombre croissant de maires en exercice.

Le meilleur exemple est certainement le maire de Saint-Rémi, qui manque clairement de respect envers l'institution qu'il représente en s'accrochant à son poste malgré des accusations criminelles. Même chose pour l'ex-maire de Mascouche, qui a tenté de s'accrocher malgré des accusations de fraude et de corruption, et Gilles Vaillancourt, qui s'était cramponné lorsque Serge Ménard l'avait accusé de tentative de corruption.

Certains diront qu'en comparaison, sortir éméché d'un festival qui fait l'apologie des plaisirs de la table n'a rien de bien répréhensible. C'est vrai pour tout citoyen... sauf pour le premier. Ce qu'il fait de ses temps libres ne concerne pas que lui. Ce n'est donc pas tant le citoyen Ford que le représentant de l'hôtel de ville qui a pris trop de bières, qui peinait à se contrôler, qui disait n'importe quoi au premier venu, qui se plaçait ainsi en situation de grande vulnérabilité.

En tant que représentants du peuple, les élus ont à montrer l'exemple, idéalement. Si cela est trop leur demander, qu'ils se contentent, à tout le moins, de respecter l'institution qu'ils représentent.

francois.cardinal@lapresse.ca

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