Vous avez entendu parler des pourparlers de paix sur la Syrie qui ont débuté à Genève au cours des derniers jours ? Si vous répondez non, on ne vous le reprochera pas. Ils ont été suspendus presque aussitôt.

Après cinq ans de guerre et un bilan tellement tragique qu'il est difficile d'en prendre la mesure, « tous les acteurs impliqués » ne sont pas prêts à négocier. C'est ce qu'a annoncé l'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura.

On ne peut tout de même pas abandonner les Syriens à leur triste sort en attendant que les belligérants et les grandes puissances finissent par s'entendre. D'autant que rien ne laisse espérer une sortie de crise rapide.

D'où la tenue, jeudi dernier, d'une importante conférence des bailleurs de fonds à Londres. Les pays participants ont offert 10 milliards d'ici 2020, dont six milliards attribués spécifiquement pour l'année en cours.

L'objectif initial avait été chiffré à sept milliards uniquement pour 2016 par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. « Malgré la générosité de certains bailleurs de fonds, la communauté internationale n'a pas réussi à suivre le rythme d'augmentation de ces besoins », a-t-il déploré avant la rencontre.

Le Canada fait partie de ces généreux bailleurs de fonds... qui peuvent en faire plus, selon l'ONU. On a invité Ottawa à doubler sa contribution en matière d'aide humanitaire pour 2016. En quatre ans, le gouvernement fédéral a alloué environ 900 millions pour des initiatives liées au conflit syrien.

À cette somme, il faut bien sûr ajouter l'aide offerte récemment par Ottawa pour les réfugiés syriens qu'on accueille ici par milliers. Il faut aussi tenir compte des nombreux gestes individuels posés (et des sommes versées) pour ces Syriens qui vivront au Canada.

Malheureusement, la crise syrienne s'envenime. Comme l'a expliqué l'ONU, les besoins augmentent.

Encore plus d'aide humanitaire est nécessaire. Pour qu'un peuple au bord du gouffre puisse vivre et parfois même carrément survivre en Syrie et dans les pays voisins, en attendant que la crise se règle.

Pour que les Syriens n'en viennent plus à croire que la seule issue est de traverser la mer, au péril de leur vie, sur des embarcations de fortune.

Nous devons donc donner encore. Et donner plus.

Les Canadiens ont déjà donné plus, d'ailleurs, à la suite d'autres crises majeures. Les organismes humanitaires signalent qu'ils ont reçu dans le passé, en dons individuels, des sommes nettement plus substantielles que celles offertes pour la Syrie. À la suite du séisme en Haïti en 2010, par exemple.

Quant au gouvernement fédéral, il a lui-même jadis mis la barre bien plus haut. Dès la fin des années 60, il a fixé un objectif en matière d'aide à l'étranger : investir chaque année une somme qui représente 0,7 % du revenu national brut. Nous sommes loin du compte, le taux actuel étant de 0,24 %, a-t-on appris l'été dernier.

Il est certain que pour la plupart d'entre nous, le cauchemar de la guerre est difficile à imaginer. Il faut, malgré tout, aider davantage ceux pour qui ce cauchemar est une réalité quotidienne.

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