Dans mon premier jeu de hockey sur table, les joueurs ne bougeaient pas, ils ne faisaient que tourner rapidement sur eux-mêmes et lancer la bille très fort. Des heures et des heures de plaisir.

Il paraît qu'à une époque, un Canadien sur trois possédait un jeu de hockey sur table. Toujours avec le Canadien contre les Maple Leafs de Toronto.

J'ai retrouvé le mien dimanche au Salon des collectionneurs, dont la 18e édition se tenait au vieux Centre Pierre-Charbonneau. Le vieil immeuble olympique semble d'un autre temps - ce qu'il est.

J'aurais pu acheter le jeu pour une centaine de dollars, à moins de négocier avec Denis Labonté, le roi de la table de hockey, qui en possède plusieurs de 22 modèles différents.

«Les jeux vidéo ont tué le hockey sur table», me dit M. Labonté.

Et bien d'autres choses...

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Au Salon des collectionneurs, on trouve «tout ce qui se collectionne», et l'ambiance est un peu surréaliste lorsqu'on se promène entre les stands. L'univers des collectionneurs, et pas seulement celui des souvenirs de sport, est un monde parallèle.

Une rondelle à l'effigie de Craig Ludwig; de vieux magazines du Forum; un océan de cartes de hockey; des photos autographiées de Michel Therrien, Sam Etcheverry, Andy Bathgate, Myriam Bédard et bien d'autres; de superbes posters de combats de boxe légendaires (mes objets préférés); des photos de stars des belles années de la lutte professionnelle...

Et voici Paul Vachon, le petit frère de Mad Dog, une de mes idoles de jeunesse. Il est souriant et chaleureux comme son frère.

«Maurice va bien. Je vais le voir tous les ans à Omaha, au Nebraska. Il est toujours, toujours de bonne humeur.

«Sa santé est bonne, mais il a 84 ans et il commence à perdre la mémoire.»

Paul Vachon vendait sa biographie, assis derrière une table, et il allait bientôt être rejoint par Joe Leduc et une sculpture sur bois en forme de haches entrecroisées. Joe et Paul Leduc étaient des bûcherons, si vous vous souvenez bien.

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Dans un coin, Shayne Corson, l'ancien enfant terrible du Canadien, signait patiemment des autographes. On dirait qu'il a le même poids que lors de ses années avec le Canadien. Il n'a pas vieilli beaucoup, même s'il est devenu père de quatre enfants, à Toronto - un père qui fait le taxi pour sa petite dernière, qui adore jouer au hockey.

Le public croit que Shayne Corson est une brute, alors qu'il s'agit d'un charmant bonhomme. Bon, il devenait un peu turbulent en fin de soirée, rapide sur la gâchette en cas de confrontation, mais qui n'a pas été jeune?

Dimanche, Corson reconnaissait des gens qu'il avait connus pendant ses deux séjours chez le Canadien, des séjours de six et quatre ans. Il reconnaissait le vieux journaliste de La Presse, entre autres.

«Mon plus beau souvenir de Montréal? Le jour où j'ai été repêché en première ronde par le Canadien (en 1985, au huitième rang). Tous les repêchages se tenaient au Forum à l'époque. C'était un grand jour pour moi et ma famille.

«Mon pire souvenir? La défaite en finale contre Calgary (en 1989). J'ai raté les deux dernières Coupes Stanley du Canadien. En 1986, je n'ai pas joué à cause d'une blessure. En 1993, j'avais été échangé à Edmonton contre Vincent Damphousse.»

Les plus jeunes se souviennent de Shayne Corson à cause d'une colère de Pat Burns, où l'entraîneur du Canadien avait eu ce mot célèbre: «Corson, qu'y mange de la marde». La scène roule toujours sur l'internet.

C'était à la suite d'un autre écart de conduite à l'extérieur de la patinoire...

En fait, Corson était un des joueurs préférés de Burns, qui a tenté d'obtenir ses services par transaction lorsqu'il a poursuivi sa carrière à Toronto et à Boston. Corson ne se souvient pas de la fameuse montée de lait du coach, qui ne l'avait pas traduite... Comment aurait-il pu?

«J'ai fait fâcher Pat plusieurs fois. Il m'a engueulé plus d'une fois. Mais nous l'aimions tous. Il sortait ce qu'il y avait de mieux en nous. Il nous faisait gagner. Il m'a aidé durant toute ma carrière et je lui devais beaucoup.

«Je suis allé à ses funérailles. C'était une journée terrible et triste.

«Je trouve que les hockeyeurs d'aujourd'hui n'ont plus assez de contacts humains. Je préférais l'époque où les journalistes voyageaient avec nous. On prenait le temps de se connaître et de parler. Aujourd'hui, les joueurs tweetent et rencontrent rarement des gens face à face. Ils ne serrent pas la main de leurs fans comme ils le devraient.»

Je ne sais pas si c'était mieux dans notre temps, M. Corson, mais c'était très agréable, en effet.

Et voici un autre enfant terrible de la même époque: Petr Svoboda. Un des plus beaux patineurs de l'histoire du CH et un autre choix de première ronde.

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Il possède un pied à terre à Montréal, un autre à Los Angeles et un autre à Prague. Svoboda est l'agent de 35 hockeyeurs tchèques, dont Jaromir Jagr, dans la LNH et la KHL.

Lui et Corson étaient les invités (payés) de l'entreprise A.L. Collections. Ils s'étaient vus la dernière fois en se croisant par hasard... aux Bahamas.

Svoboda aussi est un gentleman. La preuve: «Les journalistes de ton temps étaient meilleurs que ceux d'aujourd'hui.»

C'est gentil, Petr, mais tu exagères.