Voici ce que déclare un des plus grands joueurs de la LNH à propos du match des Étoiles: «À mon opinion, il va falloir que la formule de cette joute change si l'on veut qu'elle crée un peu d'intérêt.»

Qui est l'auteur de ces propos? Sidney Crosby? Alexander Ovechkin? Pas du tout! C'est Maurice Richard qui a écrit cela dans sa chronique publiée dans l'hebdomadaire Samedi-Dimanche... après le match des Étoiles de 1952!

Il est vrai que le Rocket ne connut pas un fameux week-end. La foule de l'Olympia Stadium le hua copieusement lors de la présentation des joueurs. Et il ne fut pas content d'affronter deux de ses coéquipiers, Doug Harvey et Elmer Lach. Ils s'alignaient en effet avec la première équipe, alors que lui-même, flanqué de huit autres camarades du Canadien, était membre de la deuxième.

De son ton tranchant habituel, Richard ajouta que l'affaire avait été un «fiasco». Cela dit, il marqua l'unique but des siens et le match prit fin 1-1.

Cette anecdote rappelle que ce rendez-vous annuel suscite le débat depuis plus de 60 ans. Au fil du temps, plusieurs formules ont été utilisées: équipe d'étoiles contre champions de la Coupe Stanley, Association de l'Est contre Association de l'Ouest, joueurs nord-américains contre joueurs du reste du monde, équipes dirigées par deux capitaines sélectionnant leurs coéquipiers lors d'un repêchage...

Ce week-end, la LNH propose un mini-tournoi opposant quatre équipes, une par division, qui s'affronteront dans des matchs de 20 minutes disputés à trois contre trois. Décidément, les dirigeants du circuit sont imaginatifs ! Cette initiative stimulera-t-elle l'intérêt pour l'événement ? Sûrement, puisqu'il s'agit d'une nouveauté. Et que contrairement à l'époque du Rocket, on sait déjà qu'aucun des trois duels ne prendra fin sur un score de 1-1 !

En revanche, la participation de John Scott à cette rencontre est absurde. La LNH aurait dû imposer des critères de sélection lors du vote des amateurs, qu'il a remporté à la stupéfaction des dirigeants du circuit.

Aucun autre sport majeur ne tolérerait qu'un joueur avec un tel profil reçoive cet honneur. Le mot «étoile» doit tout de même avoir une signification.

L'histoire de Scott est touchante et il a l'air d'un très bon gars. Mais la place de cet homme fort auteur de cinq buts en carrière n'est pas à Nashville. Les bonzes de la LNH ont géré ce dossier en amateurs et se retrouvent aujourd'hui avec un gros problème de relations publiques sur les bras.

En voulant le convaincre avec une arrogance sans borne de décliner l'invitation, ils se sont conduits en goujats. Ce n'était pas à Scott de corriger leur erreur. Au grand dam de la ligue, Scott, soudainement transformé en héros populaire parce qu'il s'est - avec raison - tenu debout, sera comme jamais dans l'oeil des médias et du public au cours des 72 prochaines heures. Pour reprendre l'expression du Rocket en 1952, cette abracadabrante histoire constitue néanmoins un fiasco.

Dans ce contexte, la conférence de presse de Gary Bettman sera un élément incontournable du week-end. Le commissaire répondra aux questions demain après-midi. Il y en aura beaucoup sur l'affaire John Scott, mais ses commentaires à propos de l'expansion sont aussi attendus avec impatience. Le comité exécutif termine l'examen des candidatures de Québec et Las Vegas et soumettra bientôt une recommandation à l'ensemble des propriétaires.

La valeur du dollar canadien sera également en toile de fond de nombreuses conversations. D'une brutalité surprenante, cette chute freine l'élan de la LNH, toujours désireuse d'augmenter ses revenus. Jusqu'à maintenant, Bettman s'est montré philosophe à ce propos, rappelant que le circuit est habitué à la fluctuation du huard. Peut-être. Mais il n'en reste pas moins que cette baisse perturbe tout l'écosystème du circuit: salaires des joueurs, plafond salarial, revenus de télé... Et comme il serait étonnant que notre monnaie se redresse significativement au cours des prochains mois, le problème est sérieux.

La situation a un impact sur l'éventuel retour des Nordiques. Le coût d'une équipe de l'expansion, 500 millions US, équivaut maintenant à 700 millions CAN. C'est énorme pour un club condamné à la médiocrité quelques saisons. Rappelons que Geoff Molson et ses partenaires ont versé moins de 600 millions CAN pour le Canadien, le Centre Bell et evenko en 2009...

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Dans l'effervescence du remaniement ministériel d'hier à Québec, où plusieurs changements ont surpris, une annonce a suscité moins de retentissement: la nomination de Luc Fortin, député de Sherbrooke, comme ministre délégué au Loisir et au Sport.

Au cours des dernières années, cette responsabilité était assumée par le ministre de l'Éducation. Compte tenu des dizaines de dossiers chauds s'empilant sur son bureau, inutile de dire que le sport arrivait au bout de sa liste de priorités.

Un exemple: le ministre François Blais a mis des mois à donner suite au rapport du Groupe de travail sur les commotions cérébrales, à la grande déception de ses auteurs.

Le dynamique milieu du sport québécois a besoin d'un ministre à plein temps capable de défendre des dossiers lors des réunions du Cabinet. Tenez, le programme «Placement Sports», où le gouvernement bonifie de 50 à 300 % les dons faits aux fédérations sportives, connaît un succès remarquable. Au point où les sommes versées par l'État ne suffisent plus à combler les engagements. Il faudra bientôt discuter de son renouvellement et de sa bonification. Les attentes envers le nouveau ministre sont grandes.

Si Luc Fortin fait du bon travail, sa carrière pourrait s'épanouir. Car le sport n'est pas une mauvaise manière d'accéder au Conseil des ministres. Parlez-en à Denis Coderre, qui, au niveau fédéral, s'en est servi comme tremplin.

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Eugenie Bouchard ne représentera pas le Canada en Coupe Fed, les 6 et 7 février prochains, à Québec. Dommage, puisqu'elle aurait eu l'occasion d'affronter Victoria Azarenka, une joueuse de premier plan.

La décision de Bouchard n'est cependant pas étonnante. Sa présence d'avril dernier en Coupe Fed lui a sûrement laissé de mauvais souvenirs. Rappelez-vous : elle a enfreint les lois de l'esprit sportif en ne serrant pas la main de sa rivale roumaine Alexandra Dulgheru lors du tirage au sort, un geste qui l'a hantée pendant un bon moment. Elle a aussi encaissé deux revers en simple. Et l'ambiance au sein de l'équipe canadienne a semblé très lourde.

Comme l'impression qu'on ne reverra guère Bouchard en Coupe Fed au cours des prochaines années, sauf si sa participation est nécessaire pour assurer sa place aux Jeux olympiques. Afin d'éviter les déceptions, les dirigeants de Tennis Canada devraient cesser d'entretenir des attentes à ce propos.