Cette fois, ce n'est pas Régis Labeaume qui gonfle les attentes des partisans quant au retour des Nordiques. Mais plutôt un des plus influents administrateurs du sport professionnel nord-américain.

Tim Leiweke est le président de Maple Leaf Sports & Entertainment (MLSE), la compagnie propriétaire des Maple Leafs, des Raptors (NBA), du Toronto FC (MLS) et de l'Air Canada Centre. «Nous devons à Québec une autre chance», a-t-il déclaré, mardi, devant un regroupement de gens d'affaires de la métropole canadienne.

Évaluant ensuite les chances que la LNH établisse une autre concession dans la région de Toronto, Leiweke a déclaré: «Une deuxième équipe ne s'établira pas ici dans un proche avenir.»

Ces deux courtes phrases sont lourdes de sens. D'abord, parce qu'elles viennent d'un habitué des coulisses de la LNH. Avant d'atterrir à Toronto au printemps dernier, Leiweke était le président d'Anschutz Entertainment Group (AEG), un empire du sport et du divertissement, notamment propriétaire des Kings de Los Angeles.

Ensuite, parce qu'elles envoient un message clair au groupe de Graeme Roustan, qui souhaite ériger un nouvel amphithéâtre à Markham, en banlieue de Toronto. Si l'objectif est d'obtenir une concession de la LNH, ne comptez pas sur l'appui des Maple Leafs.

Cet avertissement refroidira peut-être les ardeurs des conseillers de Markham favorables au projet. Ils composent actuellement une très courte majorité (7 contre 6, selon le dernier vote). Une décision finale pourrait être prise à la fin de novembre.

La Ville de Markham s'engagera-t-elle, peu importe le montage financier soumis, si les Maple Leafs envisagent de torpiller toute tentative d'obtenir une formation de la LNH?

Voilà matière à réflexion pour les élus.

Sans la concurrence de Markham, les chances de Québec augmenteraient.

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Les propos de Tim Leiweke sur le retour des Nordiques, rapportés hier par David Shoalts du Globe and Mail, sont intéressants à un autre titre.

Leiweke a en effet joué un rôle important dans la vente des Fleurdelysés au Colorado en 1995. À l'époque, il était président des Nuggets de Denver, de la NBA. Ce sont les propriétaires de cette équipe qui ont acheté les Nordiques.

Leiweke, dont les considérables talents étaient déjà reconnus, a contribué à la conclusion de la transaction. Il est donc inusité de l'entendre déclarer, 18 ans plus tard, que la LNH doit donner une nouvelle chance à Québec.

Leiweke est au courant des développements dans la capitale nationale. Il a rappelé qu'un nouvel édifice était en construction et dressé une analogie révélatrice avec Winnipeg, une ville qui a perdu ses Jets en 1996 avant de les retrouver en 2011. «Et ils font un travail fantastique», a-t-il rappelé.

Il est clair que le succès de Winnipeg sert bien la cause de Québec. Les Jets sont si populaires qu'ils ne sont pas admissibles au partage des revenus en vigueur dans la LNH, même s'ils sont établis dans le plus modeste marché du circuit.

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Les gens de Québec ont été refroidis par le maintien des Coyotes en Arizona, au printemps dernier. Ce fut en effet une mauvaise nouvelle, puisque cette concession semblait mûre pour un transfert dans une région où on aime vraiment le hockey. On verra si les nouveaux propriétaires réussiront à relancer l'équipe.

Cela dit, leur engagement envers le hockey dans le désert met fin, pour quelques saisons du moins, aux doutes concernant leur avenir. Récemment, la LNH a aussi résolu les ennuis des Panthers de la Floride et des Devils du New Jersey (nouveaux propriétaires), en plus de piloter l'arrivée des Islanders de New York à Brooklyn en 2015.

Ces quatre cas problèmes derrière elle, la LNH est en meilleure position pour envisager une expansion. Et même si Leiweke a répété devant les journalistes n'exprimer que sa propre opinion, et non pas celle du circuit, il a mentionné la région de Seattle-Portland et Québec comme terres d'accueil d'une nouvelle équipe. Il a ajouté que Kansas City et Las Vegas étaient aussi devant la grande région de Toronto.

Pour les amateurs rêvant du retour des Nordiques, les propos de Leiweke constituent la meilleure nouvelle depuis plusieurs mois.

Hesjedal devra en dire plus

Le communiqué de Ryder Hesjedal, dans lequel il reconnaît s'être dopé en 2003, est joliment tourné. Il peut féliciter ses conseillers en relations publiques.

Le coureur canadien évoque une erreur de parcours, de courte durée et vieille de dix ans, avant de présenter ses excuses à tous ceux qui ont cru en lui. Il se lance ensuite dans une ode au cyclisme. «J'ai vu le meilleur et le pire de mon sport et je crois qu'il est maintenant dans une meilleure position que jamais.»

Et voilà, applaudissons tous, l'affaire est réglée!

Désolé, mais il faudra des explications publiques plus substantielles pour faire la lumière sur sa consommation de produits dopants. C'est bien de s'être confié aux autorités canadiennes et américaines, mais si Hesjedal ne veut pas stimuler le cynisme des amateurs lorsqu'il est question de vélo de haut niveau, il doit se montrer plus transparent.

Hesjedal a admis son erreur plus de huit ans après les faits, ce qui lui permet commodément d'éviter toute sanction. Le Centre canadien pour l'éthique dans le sport a bien résumé la situation. «Sa conduite a privé plusieurs athlètes canadiens propres de l'occasion de briller en cyclisme.»