Pour la première fois depuis le 29 septembre 2004, jour où les Expos ont dit adieu à leurs partisans, une odeur de baseball s'est répandue dans le Stade olympique, mardi.

Jacques Doucet était là, Rodger Brulotte et Marc Griffin aussi. Des hot-dogs et du pop-corn ont été servis. Et à la tribune, Paul Beeston, le président des Blue Jays de Toronto, a confirmé que son équipe serait à Montréal les 28 et 29 mars pour affronter les Mets de New York.

Même s'il ne s'agit que de matchs préparatoires, l'affaire n'est pas banale. Elle marque le retour du baseball majeur au Québec après la rupture causée par la lente agonie des Expos. Et elle relance le débat sur le retour possible d'une équipe à Montréal.

«Les Blue Jays appuieraient ce projet sans réserve, dit Paul Beeston. Si Charles Bronfman n'avait pas obtenu une concession pour Montréal à la fin des années 60, Toronto n'aurait peut-être pas eu la sienne quelques années plus tard. Un club de plus au Canada, ce serait excellent.»

Mais attention: si Beeston croit Montréal capable d'accueillir de nouveau une formation des majeures, il précise que ce n'est pas pour la semaine prochaine! Il faudrait, pour reprendre son expression, une «convergence» de plusieurs éléments afin de concrétiser le tout.

«Ça prend un bon stade, un bon propriétaire et une équipe disponible. Montréal est une ville de classe mondiale qui possède une forte tradition de baseball. Les ligues professionnelles n'aiment pas transférer une concession, mais ça arrive parfois», ajoute-t-il, rappelant que la Ligue nationale de hockey est retournée à Winnipeg.

Pourquoi les Blue Jays et les Mets acceptent-ils de jouer au Stade olympique à la fin de leur prochain camp d'entraînement?

Pour les Blue Jays, qui veulent consolider leur place comme "équipe du Canada», c'est une manière imaginative d'augmenter leur résonance au Québec et de stimuler les cotes d'écoute de leurs matchs à TVA Sports.

Le DG des Blue Jays, Alex Anthopoulos, est un gars de Montréal parfaitement bilingue. Cela renforce aussi la sensibilité de cette organisation envers Montréal.

En 2004, déjà avec les Blue Jays, Anthopoulos est venu assister au dernier match des Expos au Stade olympique. Ses liens avec les Z'Amours, l'équipe lui ayant donné sa première chance - un travail bénévole pour répondre au courrier des joueurs -, demeuraient très forts.

«C'était important pour moi d'être présent, a-t-il expliqué, mardi. J'ai tellement appris avec les Expos. On n'avait pas beaucoup d'argent et je faisais un tas de choses. Assister à cette rencontre, c'était une manière de montrer ma reconnaissance.»

Quant aux Mets, ils toucheront - comme les Blue Jays - une somme appréciable pour faire le déplacement à Montréal. Le risque financier est assumé par evenko, le promoteur de l'événement. Personne n'a voulu confirmer les chiffres, mais on peut croire qu'il en coûtera environ 1 million pour présenter les deux matchs.

Le Parc olympique devra aussi investir quelques dollars afin de s'assurer de la qualité des installations, du monticule à la clôture du champ extérieur.

Sans l'autorisation des dirigeants du baseball majeur, les Mets et les Blue Jays ne joueraient pas au Stade olympique en mars prochain. Et même si l'idée de redonner une équipe à Montréal n'est sûrement pas au coeur de leurs priorités, ce rendez-vous leur permettra de mesurer la température de l'eau.

En clair, si les matchs n'attirent pas 25 000 personnes chacun, l'expérience sera un échec. Il s'agit de la note de passage.

En revanche, si près de 35 000 amateurs se déplacent, cela enverra un message intéressant sur la popularité du baseball à Montréal. Les billets ne sont pas donnés - de 18$ à 83$ - mais une collaboration avec Baseball Québec permettra à de nombreux jeunes d'assister pour la première fois à une rencontre des majeures.

De son côté, evenko entend soutenir à fond l'événement. «On travaille sur le dossier depuis deux ans. On actionnera la machine pour s'assurer que tout fonctionne bien», explique Jacques Aubé, vice-président et directeur général de cette société appartenant au Canadien.

Avant même que les Blue Jays et les Mets sautent sur le terrain au printemps, on en saura plus long sur le véritable potentiel de Montréal comme marché de baseball majeur.

Avant la fin de l'année, les conclusions des études parrainées par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain seront dévoilées. Rappelez-vous: en mars dernier, Michel Leblanc, président de l'organisme, avait annoncé un investissement de 400 000 $ pour dresser l'état des lieux.

La première étape consistait en un sondage de la firme Léger Marketing pour vérifier si la région compte un nombre suffisant d'amateurs prêts à acheter des billets, et d'entreprises disposées à investir dans des loges.

«Sans dévoiler les résultats, je peux dire qu'ils ont été suffisamment positifs pour passer à la deuxième étape, une étude de faisabilité", explique Michel Leblanc.

Ce travail est réalisé par la firme Ernst & Young. L'objectif est de déterminer si le retour du baseball majeur pourrait être réalisé à un coût raisonnable. Si c'est le cas, une étude de retombées économiques sera menée.

«Si les conclusions sont positives, le dossier fera l'objet d'une discussion publique», ajoute M. Leblanc.

Assisterons-nous un jour au retour des Expos? Le scepticisme est de mise. N'empêche qu'il est intéressant de surveiller les nombreux efforts pour redonner à ce sport son lustre d'antan au Québec.

Bon succès, François!

François Gagnon quitte La Presse pour RDS. L'annonce en a été faite mardi. Je veux souhaiter la meilleure des chances à mon camarade dans ce nouveau défi.

À l'époque où j'étais patron, j'ai invité François à se joindre à notre grande famille. Il a été parmi les premiers blogueurs de La Presse. J'ai vite constaté sa passion pour son métier, son amour pour le hockey et sa rigueur journalistique.

Bon succès, François!