Fallait-il inviter le provocateur et webstar Gab Roy à Tout le monde en parle? En le voyant couler dimanche soir sous nos yeux, encaisser des mornifles à répétition et être incapable de défendre avec intelligence sa démarche, la réponse est assez évidente: non.

Pas certain que cette exposition médiatique ait donné un gros coup de pouce à la carrière de ce Gab Roy, agitateur professionnel du web. Ni lui ni son patron Simon Jodoin, rédacteur en chef de Voir, n'ont bien paru dimanche. Et ça ne donnait vraiment pas le goût d'aller découvrir leurs expériences dans le «Far-Web» encapsulées à trouble.voir.ca.

Lors de l'arrivée du petit Roy, en toute fin d'émission, France Beaudoin a parfaitement mis le doigt sur le bobo: que fabriquait Gab Roy sur un des tabourets blancs du studio de Radio-Canada? Dans une séquence mitraillette, l'animatrice d'En direct de l'univers, Réjean Thomas et Dany Turcotte ont ensuite dénoncé haut et fort, et sans prendre de pause, l'humour trash et douteux dans lequel baigne ce vlogueur et blogueur.

Gab Roy, qui n'est pas à plaindre et qui savait à quoi s'attendre en se pointant à Tout le monde en parle, a été l'invité piñata de la soirée, celui que l'on sort, à la fin de la fête, pour divertir la foule. Pas qu'il ne le méritait pas. Mais à quoi tous ces sparages ont-ils servi? À rien du tout. Aucune réflexion n'a été faite sur l'émergence de cette sous-culture du web et la discussion a tourné à vide.

Il fallait s'y attendre: les débats houleux sur la pertinence d'inviter - ou non - Gab Roy à Tout le monde en parle ont titillé la curiosité des téléspectateurs, qui étaient 1 752 000 devant leur téléviseur dimanche. Ce fut, et de loin, la plus grosse cote d'écoute de Tout le monde en parle cet automne. Guy A. Lepage a même battu l'indétrônable Banquier de TVA (1 535 000) ainsi que L'heure de vérité des célibataires d'Occupation double (926 000). Une controverse très payante pour la SRC, en fin de compte.

L'équipe de Tout le monde en parle en a débattu longuement avant de donner le feu vert à Gab Roy et ses amis. «Ils étaient nos invités B, ceux que nous avons confirmés en dernier», explique Guy A. Lepage.

Qu'est-ce qui a fait pencher la balance du côté du oui, alors? «Pour les gens d'une certaine génération, le web, c'est La Presse+, Twitter et les réseaux sociaux. Cette génération écoute encore la vraie radio et regarde la vraie télévision. Bien des jeunes ne regardent plus du tout la télévision. Ils sont sur leur ordinateur et ils connaissent bien le Far-Web avec ce qu'il a de bon et de moins bon. Cette culture-là est bien vivante. Et je suis convaincu que l'on doit en parler. Il faut s'alimenter ailleurs qu'à la radio bien pensante et à la télé bien branchée», enchaîne Guy A. Lepage, qui ne se définit pas «comme un censeur».

Selon l'animateur de Tout le monde en parle, «ce n'est pas en se fermant les yeux et en se bouchant les oreilles que les choses n'arrivent pas. C'est clair que ça existe. C'est clair que c'est un sujet d'actualité».

Même si je ne les partage pas, les arguments de Guy A. Lepage se tiennent bien. Le montage de la portion mettant en vedette Gab Roy «était honnête et respectait la teneur du débat», assure-t-il.

Le pape de la télé québécoise se défend bien d'avoir organisé un dîner de cons. «Une fois par année, ça arrive que la chicane éclate. C'est comme un party que tu fais chez vous et qui dégénère. Je ne peux pas prévoir la réaction des autres invités», répond-il.

Quant au peu de paroles prononcées par Mathieu St-Onge, collègue de Gab Roy chez Voir, Guy A. Lepage en prend l'entière responsabilité. «Mathieu, c'est de ma faute. Il s'est retrouvé largué de la conversation. Je m'excuse pour Mathieu», glisse l'animateur.

Les Maxou en Afrique

Adios, Sandrine et Étienne Maxou. Les tendanceurs à la puissance 1000, incarnés par Anne Dorval et Marc Labrèche, ont abandonné leur Plateau Mont-Royal chéri dans le tout dernier épisode de la comédie Les bobos, diffusé par Télé-Québec vendredi soir. Direction: l'Afrique, pour un voyage d'aide humanitaire de six mois.

Cette série, imaginée par Marc Brunet avec la complicité de Rafaële Germain, ne reviendra pas l'an prochain. C'est fini. Les horaires de tous les comédiens devenaient compliqués à gérer. En regardant la finale, dont une séquence inspirée des Parapluies de Cherbourg avec le chanteur Marc Hervieux en invité spécial, je me suis dit que c'était peut-être une bonne idée que de débrancher tout ça. Je crois, sans méchanceté, que les sujets de dérision avaient pratiquement tous été traités. Ça finissait par toujours se ressembler d'un épisode à l'autre. Cela dit, les deux saisons des Bobos ont renfermé de jolies perles de comique. Et les bloopers sur le site web de Télé-Québec sont géniaux.