C'est absolument impossible de demeurer insensible à l'épouvantable histoire de ces six femmes, six survivantes qui ont traversé une des pires épreuves: leurs jeunes enfants ont tous été assassinés par leur ex-conjoint.

Elles s'appellent Marie-Paule McInnis, Marie-Hélène Guimont, Nadine Brillant, Caroline Poissant, Martine Bélanger et Huguette Archambault et elles ont accepté de se confier longuement aux réalisateurs Karina Marceau et Éli Laliberté.

Le film de 52 minutes que les deux coréalisateurs ont tiré de ces témoignages, intitulé Les survivantes, est bouleversant. Télé-Québec le diffusera lundi à 21 h. Vous devez absolument le regarder. J'insiste.

«Comme journaliste, il faut rester le plus objectif possible. Mais on reste quand même des êtres humains. Je n'ai jamais autant pleuré en faisant des entrevues. Je n'avais jamais vécu ça», indique la documentariste Karina Marceau.

Confession: pendant 52 minutes, j'ai eu les yeux dans l'eau et le coeur en lambeaux. Une des premières séquences du documentaire vous arrachera également des larmes. Réunies dans une maison de campagne de Charlevoix, les six survivantes déposent des photos encadrées de leurs enfants et expliquent comment ils ont été exécutés. Émilie, 18 mois, tuée par arme à feu. Daphné, 6 ans, intoxiquée puis étouffée avec un oreiller. Jérémie, quatre ans et demi, tué par pendaison par son père. Simon, 8 ans, et sa soeur Claudie, 7 ans, drogués au Valium puis empoisonnés au monoxyde de carbone.

Violence

Ces femmes partagent aussi le même passé de violence autant physique que psychologique. Et leurs ex-copains se sont tous enlevé la vie après avoir tué les enfants.

Martine Bélanger, mère de la petite Daphné, a conservé tous les messages que son ex a laissés sur le répondeur avant de passer à l'acte. Elle les fait jouer même à la caméra. «C'est rien que pour te dire, j'vais t'avoir à l'oeil d'en haut. Je vais toujours te jeter des sorts», lui a dit son ancien mari en 2009.

C'est cette même Martine Bélanger qui lance un cri du coeur absolument déchirant: «J'ai voulu que ça arrête. J'ai demandé de l'aide pour ma fille, mais on ne m'a pas crue. Pis ça prend ça [le meurtre] pour qu'on me croie. Mais moi, je n'ai plus ma fille.»

Pourquoi personne n'a écouté ces mères en détresse? Inconcevable.

Nadine Brillant, qui a perdu deux de ses trois enfants dans le très médiatisé drame de Warwick à l'été 2012, a longtemps dormi avec la couverture de son fils pour ne pas oublier son odeur. Elle n'a pu prendre que cinq jours de congé pour vivre son deuil. Journaliste et rédactrice pigiste, sans assurance, Nadine Brillant n'avait pas les moyens financiers de ne plus accepter de contrats. C'est terrible.

Certaines de ces survivantes ont le système nerveux complètement à plat. D'autres ont multiplié les tentatives de suicide. Une d'elles a aussi fait plusieurs allers-retours en psychiatrie.

Victimes

Les survivantes réclament aujourd'hui plus d'aide. Actuellement, le gouvernement leur rembourse les coûts de nettoyage de la scène de crime, les frais funéraires, 20 séances de psychothérapie et 12 000$ en compensation financière. Les mères aimeraient que cette somme grimpe à 50 000$, elles veulent un plafond illimité pour l'aide psychologique ou psychiatrique et militent pour que le gouvernement leur reconnaisse un statut de victime.

Dimanche soir, vous verrez trois des six survivantes à Tout le monde en parle, soit Marie-Paule McInnis, Martine Bélanger et Marie-Hélène Guimont.

C'est Marie-Paule McInnis qui est à l'origine de ce regroupement. En 2009, elle a publié son récit, La survivante, ce qui l'a mise en contact avec d'autres mamans endeuillées. Vous avez probablement déjà vu Marie-Paule en entrevue avec Josélito Michaud ou Denis Lévesque.

Bien sûr, Isabelle Gaston connaît les Survivantes, mais ne fait pas partie du cercle. «Leurs combats sont différents. Isabelle Gaston est plus dans l'aspect juridique», note la journaliste Karina Marceau.

Le documentaire, tourné aux quatre coins du Québec, aurait facilement pu être racoleur et trop émotif. Mais non. Il n'y a pas de voyeurisme dans cette production, mais beaucoup de sensibilité et de délicatesse.

«Leur réalité est tellement dure qu'on ne voulait pas rester dans les sentiments, la douleur et la souffrance. Ç'aurait été insupportable pendant une heure», ajoute Karina Marceau.

Vous pouvez en apprendre davantage sur les six femmes sur le site lessurvivantes.com.

Chiffrier de la télé

Costaud mardi soir pour Unité 9, qui a rivé 1 702 000 téléspectateurs devant leur poste. C'est pratiquement le double de son adversaire à TVA, le téléroman Destinées, regardé par 869 000 fidèles. À 21 h, les séries Mémoires vives de la SRC et O' de TVA restent à quasi-égalité avec des audiences évaluées respectivement à 920 000 et 931 000 accros. En fin de soirée, En mode Salvail a intéressé 251 000 couche-tard sur V.