Oui, c'est parfois très gros. Vraiment, le père du jeune homme atteint d'une tumeur au cerveau est l'ex-copain de la meilleure amie de la radio-oncologue qui, sans le savoir, le soignait?

Oui, tous les personnages, qu'ils vivent dans le fin fond des bois à Havre-Saint-Pierre ou dans un loft moderne de L'Île-des-Soeurs, ont tous un lien qui les unit. Exemple. Christian (Frédérick De Grandpré) sortait avec Sylvie, dont la soeur (Maude Guérin) est la meilleure amie de Claire (Marie-Thérèse Fortin), celle qui soigne le patient cancéreux dont le père (Jean Petitclerc) a fait deux enfants à sa meilleure amie (Dominique Quesnel) qui, elle, fréquente maintenant un homme louche (Stéphane Jacques) qui pourrait - ou non - avoir été impliqué, il y a 30 ans, dans l'enlèvement de la petite Laurie, la fille blonde qu'a eue Claire avec Jacques (Gilles Renaud) dans le dos de sa femme (Véronique Le Flaguais).

Ça va, vous n'avez pas trop le tournis? C'est peut-être tiré par les cheveux, mais ça fonctionne dans Mémoires vives, particulièrement depuis son retour cet automne à Radio-Canada. C'est croustillant. C'est surprenant. C'est divertissant. Et c'est tout sauf ennuyeux.

On ne regarde pas la télé pour voir la vraie vie, routinière et répétitive, on l'allume pour être diverti. La créatrice de l'univers touffu de Mémoires vives, Chantal Cadieux, qui avait aussi tricoté Providence, l'a bien compris et assume totalement son amour pour les rebondissements inattendus et la multiplication des squelettes dans le placard. C'est d'ailleurs ce qui rend sa série si irrésistible. On se plante devant le téléviseur les mardis à 21 h et on ne sait jamais quelle surprise nous sautera au visage.

Depuis un mois, les retournements à propos de la disparition de Sylvie dans la forêt se succèdent. Mais qu'est-ce qui s'est passé au chalet pour que ça dégénère ainsi? Les réponses débouleront bientôt, patience.

Pourrait-on, sans être péjoratif, affirmer que Mémoires vives s'approche du soap à la Vengeance? Plus ou moins, croit l'auteure Chantal Cadieux.

«Le mot soap fait plus référence aux émissions d'après-midi. J'ai toujours aimé le téléroman et je suis très fière d'en faire. J'aime les revirements, tant que ça reste crédible. J'aime mener cinq ou six intrigues de front. Ça pallie le fait que nous n'avons pas beaucoup de sous pour faire l'émission», indique-t-elle.

Mémoires vives compte maintenant une trentaine de personnages principaux. C'est énorme. Chantal Cadieux, qui écrit maintenant le téléroman toute seule, son acolyte Patrick Lowe étant retourné à Toute la vérité, compile même des statistiques pour s'assurer que chacun d'eux apparaisse dans un épisode sur deux.

Il faut être attentif à tous les détails dans Mémoires vives, car la scénariste sème des indices, en apparence anodins, depuis les premiers épisodes. Dites-vous que rien n'est laissé au hasard. «J'aime que les gens s'inventent des scénarios, j'aime brouiller les pistes», glisse Chantal Cadieux.

La matière à spéculation foisonne depuis septembre dans Mémoires vives. Par exemple, le nouveau copain d'Andrée, le messager Frank, qui aime les petits chiens, qui gobe des médicaments bizarres et qui photographie de jeunes filles blondes, serait-il le maniaque qui enlève des enfants depuis l'époque de Laurie? Ça serait presque trop facile à deviner.

Et qui est la mystérieuse dame qui a kidnappé, puis relâché la petite Roseline? D'ailleurs, le foulard retrouvé par Roseline ressemblait beaucoup, il me semble, à celui porté par Francine (Véronique Le Flaguais). Et la fameuse Laurie, est-elle toujours vivante? Mon petit doigt me dit qu'elle se trouve déjà dans l'émission, incognito.

Dernier truc, avez-vous remarqué que la photo de Laurie a été volée dans le bureau de Claire le jour même où son étrange patient de l'Outaouais est venu la voir? C'est ce même patient louche qui était venu livrer des fleurs directement chez Claire au printemps dernier.

Contrairement à plusieurs séries dites «de jeunes», Mémoires vives laisse de la place aux personnages plus âgés, notamment ceux campés par Monique Mercure, Gérard Poirier et Albert Millaire. Chantal Cadieux y tient mordicus.

Ah oui, trouvez-vous que Nancy Grimard (Catherine Anne-Toupin) n'est pas très nette? Elle ressemble beaucoup trop à Laurie. Et elle aurait le même âge qu'elle aujourd'hui. On placote, là.

JE LÉVITE 

Le sel de la terre de Samuel Archibald

C'est un court essai, bien documenté, à la fois humoristique et grinçant, sur la classe moyenne signé par l'auteur du recueil de nouvelles Arvida. Les 85 pages se lisent d'un coup. C'est vivant, bien raconté, et à 10 $, cette plaquette ne fera pas déborder votre marge de crédit. Vive la consommation intelligente.

JE L'ÉVITE

La campagne publicitaire de Smart Set

«Ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de logo Smart Set sur nos vêtements», «nos designers sont totalement inconnus» ou «aucune vedette n'a parlé de notre magasin». Sérieusement, dénigrer sa propre marchandise, même sous le couvert de l'autodérision, je ne suis pas certain qu'il s'agisse de la meilleure façon pour rameuter les clientes chez ce détaillant canadien. Ça passe difficilement, mettons.