Nostradumas avait quand même bien vu dans sa boule plasmique, non? Avant d'entamer cette chronique, voici l'avertissement d'usage: les lecteurs n'ayant pas visionné le dernier épisode d'Unité 9 devraient, à moins de vraiment vouloir saigner des yeux, arrêter de lire tout de suite.

Voilà, Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) a finalement dévoilé son lourd secret mardi soir: elle a longtemps été agressée sexuellement par son père, alias le vieux schnock (Pierre Collin), qui est mort à la fin de la saison dernière.

Effrayée par la perspective d'un deuxième procès pour tentative de meurtre, Marie n'a pas eu le choix de déballer son histoire à l'avocate qui la représente (Amélie Grenier). Mais la présidente du comité des détenues n'a pas tout raconté, c'est évident. Avant qu'elle ne se rende au fameux meeting des grandes révélations, Jeanne a murmuré une phrase très forte à Marie: «Fais semblant de tout y dire [à l'avocate]. Le pire, le boutte que personne va croire, garde-le pour toi.»

Pas de doute, Marie a écouté les conseils de l'ex-dure à cuire du populaire téléroman de Radio-Canada. Le «boutte que personne va croire», c'est qu'elle n'a pas fait une fausse couche à 14 ans. Selon moi, Marie est bel et bien tombée enceinte de son père, mais elle a mené sa grossesse à terme. Cet enfant né de la relation incestueuse, c'est Lucie, jouée par Émilie Bibeau.

En février dernier, j'ai pondu une chronique sur cette théorie voulant que Lucie ne soit pas la soeur de Marie, mais bien sa fille biologique. Et l'hypothèse se tient encore plus à la lumière de ces nouvelles informations. L'écart d'âge entre les deux soeurs est d'une quinzaine d'années. Et rappelez-vous, Marie Lamontagne a déjà dit, en s'adressant à sa mère morte du cancer: «On n'aurait jamais dû se taire, maman.»

Comme quoi la mère de Marie était complice de cette histoire horrible et qu'elle a élevé Lucie comme sa «vraie» fille, et non comme sa petite-fille. Ce qui me chicote maintenant, c'est de savoir pourquoi Marie a laissé son monstre de père s'approcher de son autre fille, Léa (Frédérique Dufort), en sachant fort bien de quoi il était capable. Mystère.

Ce quatrième épisode d'Unité 9 était le meilleur depuis le retour de la série de Danielle Trottier cet automne. Dans les trois premiers, les filles de l'unité 9 étaient éparpillées un peu partout (au max, au trou, à l'unité 7, à l'hôpital psychiatrique et en maison de transition) et l'esprit de solidarité qui les unissait faisait cruellement défaut.

Mardi, Jeanne (Ève Landry) est venue au secours de Marie, Suzanne (Céline Bonnier) a donné un coup de pouce culinaire à Michèle (Catherine Proulx-Lemay) et Marie est enfin sortie de sa grande torpeur. Il était temps. Nos détenues préférées ont retissé des liens entre elles.

Autre théorie sur Unité 9: maintenant que l'infirmerie de Lietteville est sous haute surveillance, Bouba (Ayisha Issa) se servirait-elle de la bibliothèque pour écouler son stock? Chose certaine, sa gentillesse soudaine est très louche, tout comme son intérêt à «apprendre de nouveaux mots».

Unité 9 continue de charmer les Québécois. En compilant les enregistrements, BBM estime que l'épisode du 17 septembre a été vu par 2 191 000 fidèles. C'est énorme. Celui de mardi soir a intéressé 1 639 000 personnes. Les débuts du Canadien de Montréal en saison régulière sur RDS (883 000) ont brouillé les cartes. Destinées à TVA a chuté à 656 000 adeptes.

Mémoires vives se rallume

Décidément, ce fut un bon mardi soir pour Radio-Canada. Du côté de Mémoires vives, le récit a progressé à un rythme très soutenu, ce qui a insufflé beaucoup de vigueur au téléroman signé Chantal Cadieux et Patrick Lowe.

Le mystère Mémoires vives n'a pas encore été éclairci, mais les auteurs multiplient les indices pour nous tenir en haleine. Et ça fonctionne. La relation entre Flavie (Catherine Renaud) et Nancy (Catherine-Anne Toupin) est loin d'être celle que l'on croyait au départ. L'implication de Francine (Véronique Le Flaguais) dans la disparition de Laurie semble aller très loin, assez pour raviver l'intérêt d'un inspecteur à la retraite, en tout cas.

Et pauvre Claire (Marie-Thérèse Fortin), qui vient d'apprendre que son ex-mari Jacques (Gilles Renaud) a couché, il y a 15 ans, avec sa meilleure amie (Mireille Deyglun). Notez que ce même Jacques a ensuite formé un couple avec la fille de cette meilleure copine, jouée par Catherine de Léan. Méchant tombeur, ce Jacques.

Dans la course aux cotes d'écoute, Mémoires vives (788 000) a cependant été devancé par O' (812 000).

Je vous laisse sur une piste à méditer: et si Laurie était la mystérieuse personne qui a enlevé (puis relâché) la petite Roseline? Si c'était sa façon à elle de donner signe de vie à son ancienne famille? On jase là.