Vous aimez 19-2, The Killing et Le silence des agneaux? Vous devriez flancher, comme moi, pour la captivante minisérie policière Luther de la BBC. Les six petites heures que compte la première saison s'engloutissent en un week-end. Pluvieux, de préférence.

Ça m'étonne qu'aucune chaîne québécoise n'ait encore - à ma connaissance - diffusé la version française de cette émission sortie en Europe il y a déjà trois ans. C'est le genre de produit haut de gamme qui vous scotche littéralement à votre écran.

Luther, c'est en fait John Luther, un détective affecté aux crimes graves de la police de Londres que campe l'acteur Idris Elba depuis trois saisons. Vous reconnaîtrez son visage tout de suite: c'est Stringer Bell, le criminel érudit dans The Wire (Sur écoute, en version française). Idris Elba tient aussi la vedette du film Pacific Rim de Guillermo Del Toro, présentement à l'affiche.

Quand nous faisons connaissance avec John Luther, il se remet d'une enquête particulièrement pénible sur des meurtres crapuleux d'enfants. Policier colérique, mais hyper brillant, Luther réussit toujours à se mettre les pieds dans les plats, notamment parce qu'il ne recule devant rien, pas même la loi, pour coffrer ses suspects. Parfois, il se montre plus dangereux que les bourreaux qu'il traque.

Ce personnage de flic tourmenté atypique à la Nick Berrof n'est pas nouveau. Mais la série Luther l'élève à un autre niveau, un niveau plus dérangeant, inquiétant. Dès le premier épisode, John Luther croise la trajectoire de la mystérieuse Alice, une psychopathe soupçonnée d'avoir assassiné ses parents. Cette jeune femme séduisante et dotée d'une intelligence hors du commun dansera un tango très malsain avec Luther pendant toute la saison.

Luther marche constamment sur la ligne séparant le bien du mal. Dans chacun des épisodes, il talonne le même type de tueur qui donne aussi beaucoup d'ouvrage à Dexter: un chauffeur de taxi qui étrangle ses proies et vide leurs sacoches, un maniaque qui s'abreuve du sang de jeunes mères de famille, vous voyez le portrait. C'est glauque, intense et morbide.

En parallèle, nous suivons la dissolution du mariage entre Luther et son ex-femme Zoé. Comme John Luther est quasiment marié à son boulot et qu'il est obsédé par les moindres détails, mettons que ça n'aide pas du tout sa vie de couple.

À 10,99$ dans la boutique iTunes, c'est le meilleur investissement que vous ferez cet été. Le DVD, vendu beaucoup trop cher en magasin, coûte une quarantaine de dollars. Il ne renferme malheureusement pas de piste française. Peut-être qu'un réseau d'ici entendra notre appel et achètera la version doublée. N'est-ce pas, Télé-Québec, Super Écran ou Addik?

Carte jouée!

Cette série de Netflix, remake d'une minisérie britannique du début des années 90, a empilé les nominations au prochain gala des Emmy, dont deux sélections bien méritées pour les interprètes principaux, Kevin Spacey et Robin Wright, qui y sont formidables.

Le buzz médiatique a été si fort autour de House of Cards - les deux premières heures ont été réalisées par le cinéaste David Fincher! - que je m'attendais à être carrément jeté en bas du sofa. Ce ne fut pas le cas. J'ai été diverti, certes, mais aussi déçu.

D'abord, l'intrigue de House of Cards progresse en dents de scie. Ce qui aurait pu être un fantastique thriller politique se perd dans des détours inutiles, comme toute cette heure interminable qui se déroule à l'ancien collège du whip démocrate Frank Underwood (Kevin Spacey) et qui apporte peu d'eau au moulin scénaristique.

Autre irritant majeur: l'acteur Kevin Spacey s'adresse directement à la caméra avec la tronche d'un Hannibal Lecter dépressif. C'est très malhabile comme procédé, comme si le téléspectateur n'était pas assez intelligent pour décoder lui-même ce qui se passe dans l'histoire sans que quelqu'un le lui résume bêtement.

Dans les premiers épisodes de Sexe à New York, Carrie Bradshaw (Sarah Jessica Parker) se confiait aussi à la caméra, et les producteurs ont rapidement abandonné cette technique, qui fait très Ramdam à Télé-Québec.

Ensuite, le personnage de la jeune journaliste ambitieuse Zoe Barnes (Kate Mara) est carrément insupportable. C'est extrêmement dommage. Car il y avait là un terreau fertile pour exploiter tous les thèmes chouchous de House of Cards, soit les jeux de coulisses à Washington, le sexe comme monnaie d'échange et le magouillage de tout acabit.

Vous l'aurez deviné, House of Cards, c'est l'histoire d'un politicien assoiffé de pouvoir (Spacey) qui manigance à fond la caisse pour se rapprocher du président des États-Unis. Le tout en ne se salissant jamais les mains, sauf quand il dévore des côtes levées.

Le personnage le plus fascinant de cette télésérie, c'est celui de la conjointe de Kevin Spacey, jouée par la sublime Robin Wright. Reine des glaces et femme-serpent en Louboutin, difficile de cerner les véritables intentions de cette présidente d'une fondation de conservation de l'eau potable, elle aussi abonnée au grenouillage et au fricotage.