N'oubliez pas Marc Bergevin avait une mission à remplir cette semaine: améliorer son équipe. L'embauche de Daniel Brière et l'acquisition de George Parros font du Canadien un meilleur club ce matin qu'il ne l'était il y a 48 heures.

C'est ça de gagné!

Malgré sa petite taille et son «grand» âge, Brière sera certainement meilleur que Michael Ryder. Quant à Parros, il ne remplira pas les filets adverses. Ça non! Mais il sera certainement meilleur sur la patinoire que Colby Armstrong. Il pourra aussi mettre un brin de pression sur son ancien coéquipier Travis Moen - avec qui il a gagné la Coupe Stanley en 2006 - si ce dernier décide de se contenter de trop peu, comme il l'a fait l'an dernier. Et même s'il ne rajeunit pas lui non plus (33 ans), Parros est un homme fort respecté dans la LNH. Bien que je sois loin d'être un partisan de la présence de ce genre de joueur au sein d'une équipe, Parros saura protéger ses coéquipiers.

Est-ce que Bergevin aurait pu faire mieux en ajoutant plus de poids, de punch et d'expérience autant à l'attaque qu'en défense?

On peut toujours faire mieux. Mais le directeur général du Canadien était visiblement heureux de ses prises hier. Ça ne veut pas dire qu'il n'aurait pas aimé revenir du grand «Cruising Bar» à l'intérieur duquel les 30 équipes courtisaient à qui mieux mieux tous les joueurs autonomes disponibles depuis mercredi avec d'autres conquêtes au bras.

Retenue salutaire

Sur le plan hockey, le Canadien serait sans doute mieux nanti ce matin avec Nathan Horton, David Clarkson, Ryane Clowe ou Valtteri Filppula, pour n'en nommer que quelques-uns.

Mais sur le plan financier, croyez-vous vraiment que Bergevin aurait mérité des accolades s'il avait suivi ses homologues de Columbus, Toronto, New Jersey et Tampa Bay en offrant 37,1 millions pour 7 ans à Horton, 36,75 millions pour 7 ans à Clarkson, 24,25 millions pour 5 ans à Clowe, 25 millions pour 5 ans à Filppula, sans oublier les 24,5 millions pour 5 ans offerts par les Red Wings de Detroit à Stephen Weiss?

Ma réponse est non!

Plusieurs équipes ont sombré dans la démesure financière une fois de plus hier. Pas seulement au chapitre des salaires consentis, mais aussi, et surtout, en ce qui a trait à la durée interminable de plusieurs contrats octroyés.

C'était leur choix. Leur droit.

À mes yeux, Marc Bergevin et le Canadien ont fait preuve d'une retenue, ou d'un sérieux, qui les honore en refusant d'hypothéquer l'avenir. Comme ils l'avaient d'ailleurs fait plus tôt cette semaine dans le dossier Vincent Lecavalier.

Cela dit, j'aurais aimé voir le Canadien faire fondre la glace sous les patins des Predators en mettant la main sur Matt Hendricks qui a pris la direction de Nashville, ayant accepté le contrat de 4 ans et les 7,4 millions qu'on lui a offerts. Oui, j'aurais préféré l'ancien des Caps à Parros.

J'aurais aussi tenté de mettre la main sur Rob Scuderi pour solidifier la défense. Mais le vétéran, qui tenait à revenir dans l'Est, est retourné à Pittsburgh, les Penguins s'étant montrés très généreux (4 ans, 13,5 millions).

Mais s'il est facile de dresser une liste de candidats intéressants, il est bien plus difficile de les attirer dans son vestiaire.

Bergevin a affiché hier une retenue qui lui permettra toutefois de continuer son travail. Car s'il a raison d'être heureux de ce qu'il a accompli au cours des deux dernières semaines, il ne peut se croiser les bras. Oui, il a amélioré son équipe. Mais plusieurs de ses rivaux se sont améliorés eux aussi.

Qui? Detroit, qui s'amène dans l'Est avec ses gros sabots, Boston, qui sera encore l'un des clubs à battre, Toronto, Philadelphie, New York, les Rangers surtout, bien qu'on ne puisse plus rire des Islanders, sans oublier Ottawa et et même Columbus et les autres clubs qui étaient déjà puissants.

La relance de Carey Price

Si Brière et Parros améliorent le Canadien, le meilleur coup de Bergevin au cours des derniers jours demeure l'embauche de Stéphane Waite à titre d'entraîneur des gardiens.

Car au-delà de toutes les doléances sur la petite taille du Canadien, l'état-major du Tricolore a tiré des conclusions moins tranchantes après l'élimination hâtive aux mains des Sénateurs en première ronde.

À ses yeux, les mauvais buts accordés par Carey Price et la précarité évidente de sa confiance quand les choses se sont mises à mal aller devant son filet ont beaucoup plus nui au Tricolore que la petite taille de ses coéquipiers.

Parce qu'il considère donc que la relance de son gardien aidera davantage le Canadien qu'un afflux de joueurs à gros gabarit, Bergevin a profité du fait que Waite désirait revenir à la maison pour l'embaucher.

De prime abord, Waite s'est acquitté de sa tâche de façon remarquable à Chicago. Le travail accompli par Antti Niemi et Corey Crawford dans le cadre des deux conquêtes de la Coupe Stanley en quatre ans en témoigne avec éloquence.

Bon! Le fait que les Hawks comptent sur une attaque redoutable, sur un club lourd et physique et sur une défense étanche dirigée par Duncan Keith, l'un des meilleurs défenseurs de la LNH, a certainement aidé la cause de Niemi et Crawford.

Peut-être même que ces facteurs ont eu autant, sinon plus, d'impact que le travail de Waite.

On verra!

Mais parce que la contribution de Waite, grâce aux performances de Price, aura plus de conséquences, positives ou non, sur la saison du Canadien que les points récoltés par Brière et les coups de poing distribués par Parros, son embauche, même si elle est moins spectaculaire que celles de Horton, Clarkson et autres joueurs autonomes qui ont fait sauter la banque depuis hier midi, représente pour le moment le meilleur coup réalisé par Marc Bergevin.

En attendant les prochains...

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, a profité du fait que Stéphane Waite désirait revenir à la maison pour l'embaucher.