De la façon dont P.K. Subban joue actuellement, le défenseur du Canadien donne raison à tous ceux, et ils sont nombreux, qui lui remettent déjà le trophée Norris offert annuellement au meilleur arrière de la LNH.

Avec ses 10 buts et 30 points récoltés en 31 matchs, Subban trône tout en haut des meilleurs marqueurs chez les défenseurs de la LNH. Deux points devant Ryan Suter du Wild du Minnesota, qui a disputé six matchs de plus. Deux points devant Kristopher Letang qui est confiné au vestiaire en raison d'une fracture à un orteil.

Les blessures qui minent les saisons de Letang à Pittsburgh et de l'excellent Erik Karlsson, qui a reçu le Norris l'an dernier, à Ottawa aident sans l'ombre d'un doute la cause de Subban. Mais avec des performances comme celles qu'il multiplie depuis le début de l'année, P.K. se battrait à armes égales avec Letang et Karlsson s'ils étaient sur le champ de bataille.

Subban est toujours aussi flamboyant offensivement. Sa rapidité, la qualité de ses passes, la puissance d'un tir qu'il utilise avec plus de sagesse et d'adresse cette année, au lieu de tenter de fracasser des baies vitrées comme il le faisait trop souvent avant, sont toujours appréciées des partisans.

Ses coéquipiers et surtout ses entraîneurs apprécient davantage encore le fait qu'il soit plus efficace avec la rondelle. Qu'il soit moins périlleux dans ses sorties de zone.

P.K. n'est pas à l'abri de mauvaises décisions, de revirements coûteux, de matchs moyens. Ce qui est normal. Surtout pour un joueur toujours au centre de l'action comme l'est P.K. chaque fois qu'il saute sur la patinoire.

Grâce à l'expérience de trois saisons dans la LNH, une maturité qui tardait à se manifester, et une meilleure compréhension du jeu, P.K. a trouvé le moyen de minimiser les erreurs ou les présences moins percutantes tout en contribuant à l'attaque.

Le match de jeudi contre les Jets l'a d'ailleurs démontré. Même s'il a jonglé à quelques reprises avec la rondelle comme si elle s'était transformée en grenade dégoupillée, P.K. a terminé sa soirée de travail avec deux passes et un différentiel de +2. Pas si mal pour un match ordinaire!

Solide défensivement

Spectaculaire en zone offensive, véritable poison pour les gardiens adverses, P.K. s'impose aussi maintenant autour de Carey Price et de Peter Budaj. Une qualité fondamentale pour un défenseur, même si les buts et les points semblent parfois avoir plus de poids dans le scrutin pour le trophée Norris que les considérations défensives des candidats.

Le différentiel de +12 qu'affiche P.K. plaide avec éloquence en sa faveur. Ce différentiel est d'ailleurs beaucoup plus positif qu'il le laisse croire, car des 30 points qu'il revendique après 31 matchs, les 20 récoltés en avantage numérique (6 buts, 14 passes) ne sont pas comptabilisés dans les «plus».

Le différentiel de P.K. n'est peut-être pas à la hauteur des meneurs à cet égard - Sheldon Souray, à +26, et François Beauchemin, à +23 -, mais il est largement supérieur à celui de Ryan Suter, l'un des principaux rivaux de Subban dans la course au Norris, qui affiche un différentiel neutre malgré ses 28 points avec le Wild.

Prochain contrat

Avec son salaire de 2 millions cette saison, P.K. représente une véritable aubaine. S'il répète ses performances l'an prochain, il comptera encore parmi les aubaines même si son salaire grimpera à 3,75 millions.

Le Canadien est bien mieux de profiter des économies réalisées au cours de ces deux années. Car le prochain contrat sera imposant.

Subban pourra alors viser un contrat comparable à ceux de Karlsson à Ottawa (45 millions sur sept ans) ou de Drew Doughty à Los Angeles (moyenne sous le plafond de 7 millions par année). Il pourrait même lorgner du côté des deux défenseurs les mieux payés du circuit: Shea Weber (Nashville) et Ryan Suter (Minnesota), qui ont des moyennes annuelles sous le plafond de 7,857 et 7,538 millions.

Plusieurs observateurs se demandent maintenant si le Canadien n'aurait pas économisé quelques millions en donnant, dès janvier dernier, à P.K. le contrat à long terme qu'il réclamait.

La réponse est oui.

Ça ne veut toutefois pas dire que Bergevin a eu tort d'imposer un contrat de transition que P.K. est en train de transformer en trampoline qui le propulsera parmi les plus hauts salariés de la LNH.

Fouetté par cette décision du Canadien, Subban est visiblement en mission. Il veut prouver à ses patrons et à tous ceux qui étaient d'accord avec eux qu'ils avaient tort.

Et c'est tant mieux. Ça assure le Canadien de performances éclatantes. Ça minimise aussi les risques de passages à vide comme ceux que traversent Tyler Myers à Buffalo et Jeff Skinner en Caroline.

Auréolés du titre de recrue de l'année en 2010 et 2011, Myers et Skinner ont été récompensés dès leur deuxième contrat. Les Sabres ont donné 38,5 millions à leur défenseur géant qui affichait sept bien petits points avant d'affronter les Sénateurs vendredi soir. Les Hurricanes ont offert 34,35 millions pour six ans à Skinner, qui soulève plus de questions que des oh! et des ah! comme il le faisait à son arrivée dans la grande ligue.

Les deux équipes croyaient avoir économisé beaucoup d'argent en payant rapidement leurs jeunes étoiles comme des vedettes établies. Il sera intéressant de voir quel sera le rapport qualité/prix de ces contrats une fois qu'ils seront terminés.

P.K. coûtera très cher dans deux ans. Mais si la tendance se maintient, l'investissement sera alors protégé par deux saisons venues appuyer les trois années prometteuses de son contrat de recrue.

Et il y a plus. En accordant un contrat qui aurait accaparé, disons, 6 millions sur sa masse salariale, Marc Bergevin aurait mis en péril son équilibre budgétaire pour la saison prochaine.

Le rachat de Scott Gomez, celui anticipé de Tomas Kaberle et l'échange qui lui a permis d'envoyer Erik Cole et son lourd contrat à Dallas offrent une marge de manoeuvre intéressante à Bergevin.

Mais avec un plafond salarial qui plongera à 64,3 millions l'an prochain, le directeur général du Canadien sera bien heureux d'avoir 3,5 millions de plus avec lesquels jongler pour améliorer son équipe tout en respectant le plafond. Un plafond qui aura recommencé à grimper lorsque viendra le temps d'ouvrir les coffres pour le rembourser.