Peut-on devenir ce qu'on veut ou sommes-nous conditionnés par nos origines ou les conventions sociales? Avec Zootopia, son nouveau film d'animation, Disney transpose dans le monde animal certaines de nos interrogations et bouscule avec humour nos idées reçues.

«Nous avions entrepris de réaliser une comédie animale, mais en faisant des recherches, nous avons découvert que nous avions l'occasion d'aborder un sujet important, sous couvert d'une certaine légèreté de ton», explique Byron Howard (Raiponce, Volt) qui coréalise, avec Rich Moore (Les Simpsons), le nouveau long métrage d'animation des studios Disney, qui sort dans plusieurs pays d'Europe ces jours-ci.

Pour y parvenir, les auteurs utilisent l'anthropomorphisme qui permet de donner la parole, des pensées et des sentiments à des animaux vivant dans une société semblable à la nôtre. Le procédé avait été utilisé il y a plus de trois siècles par un certain Jean de La Fontaine...

Cette société, c'est Zootopie, une cité à nulle autre pareille, moderne et réglementée, où les aninaux portent des vêtements, utilisent des téléphones portables et se tiennent debout même s'ils ont quatre pattes.

Il y a des quartiers chics, d'autres qui le sont moins, et chaque habitant vit en harmonie avec son voisin.

Parmi eux, il y a Judy Hopps, une adorable petite lapine venue de sa campagne natale avec la ferme intention d'accomplir son destin: intégrer la police de la ville.

Ambitieuse, un poil présomptueuse, Judy va se heurter à la dure réalité qui veut qu'à Zootopie, seuls les «mâles», éléphants, hippopotames ou rhinocéros, peuvent prétendre à faire régner l'ordre.

Et même si ses qualités exceptionnelles lui ont permis de sortir major de l'académie de police et d'intégrer le commissariat central, son supérieur, un buffle misogyne, la cantonne au rôle de contractuelle.

«Judy se heurte à de nombreux obstacles, mais elle est très déterminée. Elle ne laissera rien se mettre en travers de son chemin. Et elle va réaliser qu'être une lapine lui procure certains avantages», explique Rich Moore.

Décidée à prouver sa valeur, notre Sherlock Holmes à grandes oreilles n'hésitera pas à faire équipe avec Nick Wilde, un renard escroc et cynique, pour se lancer dans une périlleuse enquête.

Métaphore

Machisme, discriminations, préjugés raciaux ou sociaux sont astucieusement dénoncés dans cette comédie hilarante qui peut être vue comme une métaphore de la société des hommes en général, et de l'Amérique en particulier.

«Notre credo a été de ne jamais être donneurs de leçon, mais plutôt de montrer les choses. Nous avons ainsi utilisé les lieux communs sur telle ou telle espèce et leurs rapports et avons retourné les idées reçues», explique Jim Reardon, auteur du storyboard.

«Nous nous sommes penchés sur les stéréotypes rattachés aux animaux - la mémoire des éléphants, la ruse du renard, la timidité du lapin. Chacun d'eux se bat contre une image toute faite qui lui colle à la peau. Et je crois que le public se retrouvera dans ce concept», poursuit Josie Trinidad, qui a elle aussi collaboré à l'écriture.

Zootopia est aussi l'archétype du «buddy movie», genre qui consiste à mettre en scène deux personnages que tout oppose.

En l'occurrence, la paire lapin-renard s'avère diablement efficace et certains personnages secondaires sont impayables. On pense notamment à Flash, l'employé particulièrement lent de la préfecture qui n'est autre qu'un... paresseux.

Dans le monde de Zootopia, la chanteuse pop star est une gazelle et c'est Shakira qui lui prête sa voix.

Vaste et complexe, l'univers du film est peuplé par une soixantaine d'espèces animales.

«Nous avons fait environ 18 mois de recherches approfondies sur la faune. Nous avons étudié la manière dont les mammifères interagissent dans la nature et la hiérarchie qui régit les différents groupes», explique Byron Howard.

«Et nous avons découvert que la majorité des animaux - 90% - sont des proies et que seuls 10% d'entre eux sont des prédateurs», souligne-t-il.