Avec Perfect Mothers, son premier film international tourné en anglais avec Naomi Watts et Robin Wright, la cinéaste française Anne Fontaine poursuit son exploration des emballements transgressifs des coeurs.

Présenté au dernier festival américain de Sundance, le film sort ce mercredi en première mondiale en France et Belgique. Il sera dans les salles en Argentine à partir du 11 avril, aux Pays-Bas le 16 mai et au Brésil le 7 juin.

Perfect Mothers met en scène deux amies inséparables nouant à quelques jours d'intervalle une relation passionnelle avec le fils de l'autre, deux jeunes hommes à la grâce singulière.

Basé sur le roman Les grands-mères de l'écrivain britannique Doris Lessing, prix Nobel de littérature 2007, le film trace le portrait d'un quatuor engagé dans des passions hors normes, flirtant avec les tabous, dans un eden balnéaire australien, dont la caméra sensuelle effleure le fil de l'eau.

«J'ai tout de suite été conquise par ce quatuor néo-incestueux. J'y voyais l'opportunité de dépasser le thème de la triangulation, une des obsessions qui courent dans mes films», a expliqué Anne Fontaine, auteure en 1997 de Nettoyage à sec (1997), où un couple est mis à l'épreuve par un travesti.

«Pour Perfect Mothers, je n'imaginais pas d'actrices françaises susceptibles de véhiculer la sensualité des deux personnages féminins». Les coproducteurs français, Philippe Carcassonne et Dominique Besnehard, ont ensuite «suggéré de tourner le film en anglais, parce que cela correspondait beaucoup mieux aux personnages et à leurs situations», ajoute la réalisatrice.

Emballée dès la première lecture du scénario, Naomi Watts a fait confiance à Anne Fontaine sur les conseils d'Isabelle Huppert, l'une de ses amies françaises de longue date. Son amie Julianne Moore a mis en relation la cinéaste française avec Robin Wright.

Histoire vraie

Charmée dès sa première visite à la romancière Doris Lessing, la réalisatrice a choisi de tourner en Australie où un coproducteur s'est rapidement manifesté. Deux jeunes comédiens locaux, James Frecheville et Xavier Samuel, incarnent les fils des héroïnes.

«L'Australie évoque un sentiment à la fois universel, intemporel et sauvage, une nature qui devait participer à la sensualité des personnages», confie Anne Fontaine. «Doris Lessing m'a raconté que c'était une histoire vraie (...) Un jeune Australien, ami des deux héros, lui avait raconté par le menu leur histoire d'amour avec leurs mères respectives».

La cinéaste qui cosigne le scénario avec Christopher Hampton avec qui elle a travaillé sur Coco avant Chanel, espère envoûter le spectateur «pour transcender le point de vue moral» et «donner à l'histoire toutes les chances, y compris vis-à-vis des gens qu'elle risquait d'indisposer».

«Une femme couche avec le fils de sa meilleure amie, c'est assez classique. À partir du moment où les choses se dédoublent, comme par un jeu de miroir (deux meilleures amies, deux fils), cela devient assez inédit, et dérangeant: on touche à la famille, à la normalité», savoure la cinéaste, «fascinée de voir comment la société empêche les chemins obliques».

Cinéaste des sentiments, Anne Fontaine avait signé en 2004 Nathalie..., une histoire de femme mariée qui paie une entraîneuse pour coucher avec son mari. L'année suivante, la réalisatrice s'était intéressée à l'adultère avec Entre ses mains, un thriller intimiste. En 2011, Anne Fontaine avait engagé les acteurs Isabelle Huppert et Benoît Poelvoorde pour jouer une intellectuelle amoureuse d'un homme alcoolique vivant d'allocations dans Mon pire cauchemar.