Alors que la Riviera accueille pendant douze jours à Cannes l'industrie mondiale du cinéma, elle espère, malgré une rude concurrence, attirer les tournages étrangers dans ses décors naturels, qui lui valurent jadis le surnom d'Hollywood français.

Soucieuse de perpétuer une longue histoire avec l'industrie du cinéma, Evelyne Colle, de la commission du film de la Côte d'Azur-Alpes-Maritimes, navigue avec vélocité entre ses invités, conviés à un «cocktail dînatoire». On y croise par  exemple Raphaël Benoliel, coproducteur français du prochain film de Woody Allen,  avec les acteurs Colin Firth et Emma Stone, dont le tournage estival commencera dans la région «le 8 juillet», glisse-t-il.

«Les lieux ne sont pas encore choisis, on est en repérage», indique le producteur venu rencontrer des élus ouvrant leurs lieux publics pour des tournages.

Evelyne Colle a fait «une touche» cette année pour un long métrage chinois au scénario taillé sur mesure: un grand chef français voyage en Chine et rencontre une Chinoise désireuse de se familiariser en France avec la gastronomie.

«Je leur ai dit que la cuisine locale de la Côte d'Azur pourrait le mieux convenir aux Chinois!», dévoile-t-elle, déjà prête à dérouler le tapis rouge. Les producteurs reviendront en septembre et seront présentés à la confrérie gastronomique des disciples d'Escoffier.

«On travaille sur l'image d'Épinal de la beauté du sud de la France, mais aussi sur la laideur en proposant des HLM et des entrepôts», explique Vassilli Meimaris,  un expert de la commission régionale du film de Provence-Alpes-Côte d'Azur.

C'est la seule région française, partenaire du festival, à disposer d'un stand à part entière sous les tentes alignées le long des yachts à Cannes. Elle a donné des subventions (jamais plus de 200 000 euros) à trois films présentés cette année dans des sélections parallèles à Cannes.

Vassili a notamment rencontré cette semaine un producteur américain qui rêve de faire un biopic sur le peintre fauviste marseillais Charles Camoin, qui eut une grande influence sur le monde des arts outre-Atlantique.  «On l'accompagne dès lundi faire du repérage à Saint-Tropez», précise-t-il. «Il cherche à comprendre les systèmes d'aides, trouver un coproducteur français et des décors naturels».

Tournages mythiques sur la Riviera

«Cannes est un marché de premiers contacts», explique Franck Priot, délégué général adjoint de «Film France», dont la tente héberge juste à côté une trentaine d'autres commissions régionales françaises.

«Comme chaque année on pêche quelques gros projets», note-t-il, en dévoilant peu de détails alors que nombre de projets finissent dans des tiroirs.

Bien avant le premier festival de Cannes de 1946 avec sa pléiade annuelle des plus grandes stars de la planète, la Côte d'Azur et le cinéma étaient déjà indissociables.

Les frères Lumières ouvrirent le bal dès 1897 pour venir filmer le carnaval de Nice inondé du soleil d'hiver. À partir des années 20, les plus grands réalisateurs du muet et du parlant vont filmer dans les décors naturels de la Côte d'Azur et dans quatre studios nés au tournant du siècle dont la célèbre Victorine appelée un temps «Hollywood français».

À l'instar de Marcel Carné qui tourne en 1944 une partie des Enfants du paradis à la Victorine  ou encore François Truffaut avec La nuit américaine en 1972.

L'incontournable Main au collet avec Grace Kelly fut pour Alfred Hitchcock l'un des premiers tournages en extérieur (en 1955). Des centaines de films ont été tournés sur le littoral ou dans les villages perchés de la Riviera au fil des ans, dont un James Bond (Jamais plus jamais) en 1983...

Pour tous les nostalgique de la grande époque du cinéma hollywoodien des années 50, le français Olivier Dahan a promené à l'automne sa caméra à Menton, Cannes et Antibes pour  Grace of Monaco avec Nicole Kidmann. Sortie très attendue en 2014.