Le 66e Festival de Cannes fait la part belle aux adaptations de livres, source d'inspiration inépuisable des cinéastes, avec cette année pléthore de films tirés de monuments de la littérature, comme le très attendu Gatsby, mais aussi de romans récents, de BD ou de manga.

Glamour et Côte d'Azur obligent, c'est The Great Gatsby, réalisé en 3D par l'Australien Baz Luhrmann, avec Leonardo DiCaprio dans le rôle titre, qui ouvrira le bal, le 15 mai, hors compétition.

Il s'agit de la quatrième version cinématographique du roman culte de Francis Scott Fitzgerald, dont celle de Jack Clayton en 1974 avec Robert Redford. Fitzgerald en écrivit les passages les plus bouleversants à Saint-Raphaël, près de Cannes. Sur papier, une nouvelle traduction française, par Julie Wolkenstein, est parue en 2011, sous le titre Gatsby (P.O.L).

Sérieux défi aussi pour le comédien et réalisateur américain James Franco, en compétition dans la section Un certain regard avec As I Lay Dying, adapté du roman éponyme d'un autre monstre sacré américain, William Faulkner.

Publié en 1930, le livre fait se croiser plusieurs narrateurs. James Franco a écrit et réalisé le film dans lequel il tient le rôle principal.

Scénariste attitré de Howard Hawks (Les chemins de la gloire, Le port de l'angoisse...), Faulkner a toujours refusé d'adapter ses romans à l'écran, préférant transposer ceux des autres. Son oeuvre la plus célèbre, Le bruit et la fureur, a été portée à l'écran en 1959 par Martin Ritt.

Toujours dans la section Un certain regard, l'Argentine Lucia Puenzo défendra Wakolda, adapté de son roman éponyme qui vient de paraître chez Stock. Elle a déjà adapté son livre L'enfant poisson en 2009.

Quant aux films français sélectionnés, quatre sur six sont des adaptations.

Roman Polanski revient sur la Croisette avec La vénus à la fourrure, adapté de la pièce éponyme de l'Américain David Ives, elle-même inspirée du roman érotique de Leopold Sacher-Masoch, qui donna son nom au masochisme. Le réalisateur franco-polonais a déjà obtenu la Palme d'Or en 2002 avec Le pianiste.

BD et ethnopsychanalyse

Également en lice pour la Palme d'Or, Arnaud Desplechin présentera Jimmy P. (Psychotherapy of a Plain Indian), histoire d'un Amérindien, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, adaptée du premier livre de l'ethnopsychanalyste franco-américain Georges Devereux.

En course aussi pour la Palme, le réalisateur et acteur franco-tunisien Abdellatif Kechiche foulera pour la première fois le tapis rouge avec La vie d'Adèle, tiré de la bande dessinée de Julie Maroh Le bleu est une couleur chaude (Glénat).

Tout comme Arnaud des Pallières, qui défendra pour sa première compétition cannoise Michael Kohlhaas, tiré d'un livre de l'Allemand Heinrich von Kleist (1777-1811), à paraître en France début juin chez Mille et une nuits. Le roman a déjà inspiré le réalisateur Volker Schlöndorff en 1969.

Et c'est le thriller du Français Jérôme Salle, Zulu, adapté du roman éponyme de Caryl Férey (Gallimard), qui clôturera hos compétition le festival le 26 mai.

Parmi les autres films concourant pour la Palme d'Or, Wara No Tate du Japonais Takashi Miike est adapté de Be-Bop High School du mangaka Kazuhiro Kiuchi.

L'Américain Steven Soderbergh proposera pour sa part Behind the Candelabra, avec Michael Douglas et Matt Damon. La vie de ce pianiste de génie homosexuel a été romancée en 2010 par la Française Amanda Sthers dans Liberace (Plon).

Enfin, dans la sélection Cannes Classics, Simeon (1992) de Euzhan Palcy sera projeté pour le centenaire du poète Aimé Césaire, au côté notamment de Hiroshima mon amour (1959) d'Alain Resnais, sur un scénario et des dialogues de Marguerite Duras.