La scénariste et cinéaste Danièle Thompson, venue présenter à Hollywood son dernier film Des gens qui s'embrassent, décrit dans un entretien à l'AFP son goût pour les comédies dramatiques, convaincue que «dans un film, il y a toujours de la place pour un rire».

«Je pense qu'il y a quelque chose de très personnel dans mes films qui vient de ma tendance à penser qui si l'on ne vit pas un drame absolu, mais juste une situation gênante, ennuyeuse ou problématique, il y a une place pour le rire. Même si c'est un rire nerveux ou apparemment déplacé», explique la cinéaste lors d'une réception dans les collines d'Hollywood, dans le cadre de COLCOA, le festival annuel du film français à Los Angeles.

Dans Des gens qui s'embrassent, coécrit avec son fils Christopher Thompson, Danièle Thompson plonge dans une famille juive dysfonctionnelle partagée entre la France et les États-Unis, à travers deux frères ennemis que tout sépare, et leurs filles respectives qui s'adorent.

La cinéaste de 71 ans, dont c'est le cinquième film comme réalisatrice - après La bûche (1999), Décalage horaire (2002), Fauteuils d'orchestre (2006) et Le code a changé (2009) -, a été agréablement surprise par la réaction du public lors de la projection de son film en ouverture de COLCOA.

«En général on a un peu peur, car avec les sous-titres, on craint de perdre le côté percutant de certains dialogues», dit-elle. «Mais en fait, j'ai entendu des rires aux endroits où je les attendais, alors même que je ne les avais pas entendus en France. Qu'est-ce qui m'arrive? Aurais-je fait un film américain?».

«Je me dis que ce film est probablement plus proche de la culture anglo-saxonne», poursuit-elle. «Je n'ai pas ressenti ici (à Los Angeles) ce que j'ai ressenti en France, cette sorte d'agressivité contre le fait de parler de gens qui ne sont pas ancrés dans les problèmes de la vie de tous les jours».

À New York dans les années 60

«Moi, j'aime sortir de la grisaille, parler de situations compliquées, difficiles mais drôles, qui font un peu rêver. Mais ce n'est pas dans l'air du temps en ce moment, surtout en France», observe-t-elle.

Danièle Thompson connaît bien les États-Unis, pour avoir vécu dix ans à New York avec son ex-mari. «J'ai adoré ces années-là», dit-elle.

«C'était très formateur de vivre à New York dans les années 60, avec tout ce que cela comportait d'éblouissement. À l'époque, on était bien avant la mondialisation et quand on venait aux États-Unis, on découvrait encore plus un autre monde qu'aujourd'hui», se souvient-elle.

Connue pour ses scénarios de comédies - notamment pour son père Gérard Oury: La grande vadrouille, La folie des grandeurs ou Les aventures de Rabbi Jacob - et ses films familiaux (L'as des as, Le coup du parapluie, La boum), Danièle Thompson s'est aussi illustrée dans le drame, avec La reine Margot ou Ceux qui m'aiment prendront le train de Patrice Chéreau.

Mais à l'heure de réaliser, son coeur penche pour la comédie dramatique. «Le drame pur, je l'ai fait en tant que scénariste. Mais dans les films que j'ai mis en scène jusqu'à maintenant, j'ai toujours eu envie de tout mélanger, comme dans la vie».

Avec un thème de prédilection: la famille, dont elle ausculte joyeusement les dysfonctionnements depuis le début de sa carrière. Un thème également au centre de Cousin, Cousine (1975) de Jean-Charles Tacchella, qui lui valut une nomination à l'Oscar du meilleur scénario en 1977.

Un regret, dans cette carrière bien remplie? «Je ne suis pas rapide, je travaille lentement. J'ai besoin de laisser les choses sédimenter», dit-elle. «Je ne suis pas jalouse de nature mais j'envie les gens qui arrivent à travailler très vite parce que je n'y arrive pas!».