Les lendemains douloureux de la fermeture de la société papetière Gaspésia, en 1999, ont inspiré l'écriture du scénario de Ressac, premier long métrage de fiction de la cinéaste Pascale Ferland.

Produit par Les films de l'autre et distribué par K-Films Amérique, ce film mettant en vedette Muriel Dutil, Nico Lagarde et Clémence Dufresne-Deslières sortira à l'automne.

«En 2008, j'étais invitée comme artiste en résidence à tourner un court métrage en Gaspésie. Je me suis installée à Chandler pendant plusieurs mois. En discutant avec une travailleuse sociale qui avait participé aux efforts d'aide psychologique donnée à la population à la suite de l'annonce de la fermeture de l'usine, j'ai eu une révélation, explique Mme Ferland. J'ai tout à coup senti toutes les conséquences que peut avoir la fermeture d'une usine sur ceux qui restent.»

L'impact est très notable sur la démographie de la ville. «On aurait dit une ambiance de guerre. Les hommes étaient partis travailler ailleurs. Il restait des femmes, des enfants et des personnes âgées. C'est cette image forte qui m'a frappée», dit Mme Ferland.

Le choix de la fiction

Documentariste à la base (on lui doit notamment Adagio pour un gars de bicycle), la cinéaste estimait que la fiction se prêtait mieux au tournage d'un film sur le sujet.

Le scénario de Ressac s'attarde aux relations entre des femmes de trois générations. Muriel Dutil joue Dorine, la grand-mère demeurant chez sa fille Gemma (Nico Lagarde), dont la propre fille Chloé (Clémence Dufresne-Deslières) vit le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Le départ du mari de Gemma, qui va travailler dans une grande ville, bouleverse l'équilibre de la maison.

Joint à Venise où il passe quelques jours de vacances avant de se rendre à Cannes, le distributeur Louis Dussault, de K-Films Amérique, fait un parallèle entre le film de Pascale Ferland et la chanson Ah que l'hiver, interprétée par Pauline Julien.

«C'est la chanson où elle chante L'homme est parti pour travailler/La femme est seule, seule, seule, dit-il. Que ce soit dans la ville de Chandler, où se trouvait la Gaspésia, ou dans d'autres villes mono-industrielles, c'est toujours la même rengaine. Les gens passent leur temps à se demander s'ils vont rester ou partir. Ce film relate l'histoire du Québec profond à travers trois générations de femmes.»

M. Dussault espère maintenant dénicher un festival à l'étranger ou au Québec pour lancer le film avant sa sortie en salle au Québec, en septembre ou en octobre.

La distribution comprend Gabriel Maillé, Martin Dubreuil, Pierre-Luc Lafontaine, Bobby Beshro et Gabrielle Fontaine.

Le tournage a eu lieu il y a un an en Gaspésie. Selon le journal gaspésien en ligne graffici.ca, certaines scènes de nuit ont été tournées à l'intérieur de l'ancienne usine. Environ 25 résidants du secteur ont participé au tournage.

La gaspésia

L'histoire de la Gaspésia est intimement liée à celle de la ville de Chandler. En 1912, une usine de pâtes et papiers s'installe sur le territoire à l'embouchure de la rivière Pabos. Au fil des décennies, elle prend plusieurs noms et change de propriétaires. La fermeture de l'usine Gaspésia est annoncée le 28 octobre 1999 par Abitibi-Consolidated, entraînant la perte de 560 emplois.

Le 15 décembre 2000, elle passe aux mains d'un consortium dirigé par le Fonds de solidarité de la FTQ. Un plan de relance annoncé un peu plus tard ne se réalisera jamais en raison d'énormes dépassements de coûts. Le gouvernement du Québec y perd quelque 300 millions de dollars. En 2005, le rapport d'une commission d'enquête présidée par le juge Robert Lesage blâmera sévèrement le gouvernement du Parti québécois dans ce dossier.

Source : memoireduquebec.com