Le thriller galactique Gravity, qui fait de Sandra Bullock et George Clooney les seuls survivants d'un accident dévastateur au beau milieu de l'espace, a séduit les critiques et fait déjà figure de premier candidat sérieux aux prochains Oscars.

Plusieurs critiques de cinéma n'ont pas hésité à évoquer 2001: l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick parmi les références du film, qui sort vendredi en Amérique du Nord.

Réalisé par le Mexicain Alfonso Cuaron, Gravity a recueilli une impressionnante cote de popularité de 98% sur le site de référence Rotten Tomatoes, qui agrège les critiques de centaines de professionnels.

«L'intense odyssée spatiale d'Alfonso Cuaron fait renaître un sentiment d'émerveillement, de terreur et d'opportunités pour le grand écran qui devrait inspirer l'admiration des critiques et du public à travers le monde», a notamment écrit Variety, la bible d'Hollywood.

Le film, visuellement époustouflant et tourné en 3D, est «sensationnel et donne l'impression d'être dans l'espace plus que nous ne pourrons jamais y être», estime pour sa part The Hollywood Reporter.

Gravity, écrit par Alfonso Cuaron et son fils de 31 ans, multiplie les prouesses techniques, des longs plans-séquences aux chorégraphies spatiales, en passant par la reproduction visuelle de l'état d'apesanteur, techniquement impossible à reproduire sur Terre.

«Cela a été le plus grand défi», déclarait le réalisateur de 51 ans lors d'une récente conférence de presse à Beverly Hills. «Quand nous imaginions la chorégraphie, nos cerveaux fonctionnaient du point de vue de la gravité, en termes de poids et d'horizon. Nous avons dû tout réapprendre car c'était complètement contre-intuitif».

Le cinéaste y est parvenu en mêlant prises de vue réelles et effets spéciaux conçus par ordinateur, notamment pour les combinaisons spatiales.

«Boîte à lumières»

Et pour donner l'impression que les acteurs se déplaçaient en apesanteur - sans donner l'impression qu'ils étaient équipés de harnais, comme c'est normalement le cas - les techniciens ont créé une plateforme depuis laquelle des marionnettistes faisaient bouger et «flotter» Sandra Bullock et George Clooney.

Le directeur de la photographie, le Mexicain Emmanuel Lubezki, a pour sa part créé une «boîte de lumière» dont les parois internes étaient couvertes de milliers de petites ampoules LED pour simuler les étoiles.

«Reprogrammer les réactions était très étrange (...). Il fallait réentraîner le corps depuis le cou jusqu'à la pointe des pieds», a expliqué Sandra Bullock lors de la conférence de presse. «Il a fallu de l'entraînement et plusieurs semaines de répétition et de synchronisation avec la caméra d'Alfonso».

«Et ensuite, il fallait séparer tout cela des expressions faciales, pour pouvoir raconter l'histoire d'un point de vue émotionnel», a ajouté l'actrice, oscarisée en 2010 pour The Blind Side, et dont le nom est déjà murmuré pour une nouvelle statuette en mars prochain.

«C'est un film sur une femme. Oubliez l'espace. C'est une femme à la dérive dans le vide, victime de sa propre inertie», déclare Alfonso Cuaron, qui a également signé Et... ta mère aussi!, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban ou Les fils de l'homme.

«Elle est confrontée à toutes les adversités qui l'éloignent de plus en plus de toute connexion humaine et du sens de la vie», ajoute-t-il.

«Tous les autres éléments (liés à l'espace) font partie de sa psyché. Car bien qu'elle soit désespérée et que son cerveau ait envie de dire «J'abandonne», il y a toujours quelque chose qui nous fait avancer. La vie continue», dit-il.

La carrière de Gravity a commencé à la Mostra de Venise, qu'il a ouvert avec succès.

Outre Kubrick et son «odyssée», le critique de Variety, Justin Chang, a fait référence à Max Ophüls, resté célèbre pour ses formidables portraits de femmes.

«J'imagine que, quelque part, les esprits de Stanley Kubrick et Max Ophüls regardent (Gravity) avec admiration», écrit-il.