L'Arabie saoudite, où les cinémas sont interdits, va pour la première fois participer aux Oscars du meilleur film étranger en mars 2014 avec Wadjda, un film de la réalisatrice Haifaa Al-Mansour, a indiqué dimanche un responsable saoudien.

«Wadjda va représenter l'Arabie saoudite pour l'Oscar du meilleur film étranger, ce qui constitue une première pour le royaume», a déclaré à l'AFP Sultan Al-Bazie, directeur du comité officiel de sélection et chef de l'Association saoudienne pour les Arts et la Culture.

Il a souligné que cette décision avait été prise «après les succès remportés par ce film et sa réalisatrice dans plusieurs festivals internationaux».

Premier long métrage d'une cinéaste saoudienne, Wadjda a obtenu le prix du meilleur long métrage arabe au festival du film de Dubaï, comme il a reçu le Prix France Culture Cinéma (catégorie révélation) au festival de Cannes, et a été ovationné à Venise.

Il raconte l'histoire d'une fillette rebelle dont le rêve est d'avoir une bicyclette, brisant ainsi un tabou social dans le royaume ultraconservateur où les femmes sont privées de beaucoup de droits.

Haifaa Al-Mansour, 38 ans, diplômée de l'université américaine du Caire et de l'université de Sydney, a dû prendre des risques pour tourner à Ryad.

La réalisatrice a dû tourner dans une camionnette, à l'abri des regards, et diriger à l'aide d'un talkie-walkie les acteurs, dont la jeune Waad Mohammed, qui incarne Wadjda et a obtenu le prix de la meilleure interprétation féminine au festival de Dubaï.

Le film est sorti en France et vient de sortir aux États-Unis, mais il ne sera pas projeté en Arabie saoudite où, sous la pression des islamistes conservateurs, les cinémas et autres formes de divertissement sont interdits.

L'Arabie saoudite est le seul pays au monde où les femmes ont l'obligation d'être voilées, n'ont pas le droit de conduire et doivent être accompagnées d'un homme de leur famille pour se déplacer.

Mais au printemps dernier, la police religieuse avait estimé que les femmes pouvaient monter à bicyclette dans les lieux de loisirs comme les parcs publics, «à condition de demeurer revêtues de la abaya (longue robe noire traditionnelle)» et d'être accompagnées par un membre masculin de leur famille.