Le paradoxe est de taille: Hank Moody est l'incarnation même de l'infidélité (et ce n'est là qu'un de ses défauts), mais pour s'accrocher à lui et à ses (més) aventures, il faut vraiment être du genre contraire. Fidèle. Ou obsessif. Les deux, peut-être.

En effet, pour qui a suivi Californication depuis le début, cette sixième saison (12 épisodes en anglais, avec sous-titres anglais) est répétitive, tourne en rond, pédale dans la semoule et... toute autre image du genre est certainement de mise.

La caricature des premières saisons, qui dressait un portrait acide, mordant et drôle du milieu artistique hollywoodien, ne sert à présent qu'une chose: elle-même. Il n'y a plus de propos et les personnages des premières heures, qui étonnaient par leur excentricité, leurs excès, leur irresponsabilité, leur violence ou leur folie pure et (pas) simple, eh bien... ces personnages semblent ne pas évoluer ni apprendre des gaffes qu'ils accumulent. Quant à ceux qui viennent joindre leurs rangs, ils sont juste «trop» tout. On n'y croit pas une seconde.

Agaçant, car ils sont plusieurs dans cette avant-dernière saison (oui, la prochaine sera la dernière - Yéé!) où Hank (maintenant plus «maudit» que «moody») se fait offrir d'écrire un opéra rock inspiré de son roman pour un rocker (plus ou moins) sur le déclin. Attendez, là, il ne devait pas, il n'y a pas si longtemps, écrire un scénario pour un rappeur? Ouaip. Cette roue-là tourne à vide.

Les autres pistes de la galaxie Moody? Bof. Charlie, l'agent de Hank, toujours très porté sur la chose, tente de reconquérir sa Marcy (qui est à présent sous la coupe d'une féministe enragée) et livre une compétition acharnée à l'ineffable Stu. Becca, la fille de Hank, laisse tomber l'école pour devenir écrivain comme papa. Et Karen, l'ex de Hank, son ancre, fait ce qu'elle fait toujours: ramasser les morceaux (oui, de Hank).

Ces deux dernières pistes auraient été intéressantes à fouiller. Elles restent en surface. Comme si on ne voulait pas se frotter au facteur humain, misant tout sur le facteur «choquons à tout prix». Sauf que comme disait le vieux sage (ou quelqu'un d'autre), trop, c'est comme pas assez.

Bref, la seule raison pour laquelle certain(e)s s'accrochent à Californication, c'est par fidélité pour cet univers qui les a autrefois séduit(e)s. Mais pas pour la découverte (parce qu'il n'y en a pas) ni pour l'originalité (parce qu'il n'y en a plus).

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CALIFORNICATION 6. CRÉÉE PAR TOM KAPINOS. AVEC DAVID DUCHOVNY, NATASCHA McELHONE, PAMELA ADLON, MADELEINE MARTIN, EVAN HANDLER.