Ce n'est pas l'humour, mais l'improvisation qui est à l'origine de la carrière de Patrick Huard. Pourtant, il n'avait jamais participé à une saison de la Ligue nationale d'improvisation (LNI). Comme il se consacre, cet hiver, à l'écriture du scénario de Bon cop, bad cop 2, il a décidé de renouer avec sa passion de jeunesse. Une passion qui a changé sa vie, dit-il.

Patrick Huard est en pleine forme. Il suit un régime depuis des mois pour perdre du poids. Au printemps devrait débuter le tournage de Bon cop, bad cop 2, dans lequel il jouera de nouveau le rôle du policier David Bouchard. En attendant, le « Guibord » un peu enveloppé a déjà perdu 15 livres et aimerait bien en perdre 12 de plus. Quoi de mieux, alors, qu'une dizaine de matchs d'impro avec la LNI, dont il revêtira le chandail pour la première fois le 15 février ? Patrick Huard nous parle de ce nouveau défi et du rôle que l'impro a joué dans sa carrière.

L'IMPRO, REMÈDE CONTRE LA TIMIDITÉ

« L'impro a changé ma vie, dit Patrick Huard. Jeune, j'étais très timide et j'ai été plusieurs fois victime d'intimidation au secondaire. J'ai vécu l'enfer. Un jour, un prof nous a fait faire de l'impro durant un cours de français. Ç'a été une révélation. Ça m'a libéré de beaucoup de choses. C'est devenu une passion. »

L'IMPRO PLUTÔT QUE LE CLASSIQUE

Quand Patrick Huard a commencé à faire de l'impro, ç'a mis un terme à son intérêt pour la musique classique. « J'ai lâché la chorale, l'orchestre symphonique et l'harmonie pour l'impro et le hockey, car j'avais eu l'occasion de jouer à un niveau de hockey un petit plus haut. Ça faisait beaucoup, d'autant qu'en plus, j'étais camelot le matin ! »

DE L'IMPRO À L'HUMOUR

« À l'automne 1991, je faisais beaucoup d'impro, et en même temps, je travaillais comme intervenant dans une maison de jeunes. Le gars qui m'avait engagé, un de mes amis, ne voulait pas me perdre, mais il m'a encouragé à passer les auditions des Lundis Juste pour rire. J'y suis allé et j'ai fait le show le soir même. Je tremblais, mais ç'a bien été. En sortant de scène, la directrice de l'École de l'humour, Louise Richer, m'a invité aux auditions de l'École. En janvier 1992, j'ai été pris et j'ai commencé à gagner ma vie avec ça. L'impro a parti toute l'affaire ! »

PREMIÈRE SAISON AVEC LA LNI

« Je suis probablement la plus vieille recrue de l'histoire de la LNI ! J'avais joué en 1997 avec la LNI lors d'un match d'exhibition. Je jouais avec les humoristes Michel Courtemanche et Jean-Michel Anctil. J'avais fait un duo de 14 minutes avec Martin Petit. On était un couple d'amoureux. On a passé la moitié de la période à se faire des yeux doux, à s'embrasser et à prendre un bain devant des spectateurs déchaînés ! Avec Martin, c'est arrivé trois fois qu'on joue l'un contre l'autre, notamment au bar Les beaux esprits. »

QUI T'A PROPOSÉ DE JOUER AVEC LA LNI ?

« Mon ami Benoît Chartier, qui est le capitaine de notre équipe des Jaunes, me le répétait chaque saison : "Alors, c'est cette année que tu joues dans la LNI ?" Je répondais toujours non, car j'étais trop occupé. L'été dernier, lors d'un BBQ pour l'anniversaire de Claude Legault, j'ai dit oui spontanément. Et il se trouve que je suis moins occupé puisque je suis en phase d'écriture... »

ENTRAÎNEMENT EN NOVEMBRE DERNIER

« En novembre, j'ai participé avec la LNI à la Coupe TOHU. C'était pour moi une sorte d'entraînement. J'ai eu le plus gros trac des 15 dernières années ! Plus que lors de mes premières de show ! Pour une première, tu as travaillé pendant un an, tu as rodé le show, alors que là, t'as aucune idée de la façon dont la soirée va se passer. Mais les autres joueurs ont été très cool avec moi... »

PRÊT POUR CETTE SAISON D'IMPRO ?

« Oui ! J'avais envie de me mettre en danger. Avec les années, t'as de plus en plus de contrôle sur ce que tu fais, mais avec l'impro, on est dans la création pure. Le niveau de jeu est très rapide et le fait de ne pas savoir où on s'en va, c'est extraordinaire. »

UNE SAISON À LA LNI : DU PLAISIR ?

« C'est un rêve qui se réalise. Adolescent, j'allais voir leurs matchs. J'ai même fait un stage à la LNI. Je suis très fébrile à l'idée de jouer une saison complète. Ce que j'aime avec la LNI, c'est que quand tu mets le chandail, tout le monde est au même niveau. Et puis, ça permet de créer une panoplie de personnages. C'est un entraînement extraordinaire pour le cerveau, ultra-stimulant. »

LA LNI ET LA CAMARADERIE

« La beauté de la LNI, c'est que c'est compétitif et, en même temps, on veut que les autres aient du succès. C'est l'esprit qu'ont voulu donner Robert Gravel et ses chums. Cette camaraderie a traversé le temps [depuis 1977]. »

LE RÔLE DE LA LNI DANS TA CARRIÈRE

« La qualité principale d'un joueur d'impro, c'est son écoute. Il est là tout le temps, toujours en train de jouer, même quand il ne parle pas. C'est une qualité à avoir comme acteur, car sur un plateau de tournage, tu dois être prêt à réagir à ce que l'autre acteur va dire pour que tout ait l'air vrai. C'est sûr que je n'aurais pas été le même acteur si je n'avais pas fait de l'impro. »

PREMIER MATCH DE PATRICK HUARD

Le 15 février. Les Jaunes de Patrick Huard rencontreront les Bleus (avec Réal Bossé et Virginie Fortin). « Je pense que je vais avoir un bon baptême ! dit Patrick Huard. Ça risque d'être un bon match. »

Saison 2016 de la LNI au Club Soda (1225, boulevard Saint-Laurent). Saison régulière les lundis et dimanches, du 8 février au 23 mai. Demi-finales le 29 mai, finale le 6 juin.

PATRICK HUARD ET SON AVENIR

« Quand les gens vont être tannés de voir ma face, je vais quand même avoir une job : l'écriture ! » Patrick Huard travaille sans arrêt sur le scénario de Bon cop, bad cop 2. Il n'a pas mis pour autant sa carrière d'humoriste de côté. Il reviendra sur scène, possiblement en 2019, avec un spectacle différent du précédent, un peu écorché par la critique. « Pour moi, l'humour est une nécessité, dit-il. La scène, je ne peux pas m'en passer. Pour ce prochain spectacle d'humour, je vais faire quelque chose que je n'ai jamais fait. Je m'en vais complètement ailleurs... »