Toujours tiré à quatre épingles, Rachid Badouri luttait lundi contre un vent d'automne frais et ravageur lorsque La Presse l'a rencontré au marché Jean-Talon. Il avait froid et a donc demandé à son beau-frère d'aller lui acheter une écharpe.

«Je dois protéger ma gorge», a-t-il expliqué, en bon professionnel soucieux de sa forme physique, à quelques jours de la première de Badouri rechargé au Théâtre St-Denis.

Avec son écharpe croisée autour du cou et son costume bleu cintré, il avait l'air d'un Parisien élégant se protégeant de l'humidité pénétrante de la capitale française. Ce climat, il le connaît et devra s'y faire!

Pour les trois prochaines années, l'humoriste au crâne luisant fera le va-et-vient entre sa maison lavalloise et l'appartement qu'il loue avec sa femme dans le quartier Montorgueil, dans le 2e arrondissement de la Ville lumière.

En effet, si jusqu'en janvier, il présente Badouri rechargé chez nous, il ira ensuite en France faire la promotion de la tournée d'Arrête ton cinéma, qui débutera en mars. Changement de place et donc changement d'accent...

«Quand j'arrive en France, mon accent change, dit-il en entrevue. Ça me faisait rire les histoires de Roch Voisine qui disait changer son accent quand il arrivait en France, mais tu n'as pas le choix, sinon les gens ne te comprennent pas. Sauf si tu t'appelles Fred Pellerin! Là, tu dois rester authentique. Moi, je suis humoriste. Sur scène, je dois articuler.»

Si les premiers temps en France ont été un choc culturel pour lui en 2011, il se sent bien, maintenant, dans l'Hexagone.

«Même si j'avais fait le tour du monde quand j'étais agent de bord, il a fallu que je m'adapte, dit-il. Mais ensuite, je me suis fait des amis. D'abord l'humoriste et animateur de radio Yacine Bellatar, le Guy A. Lepage version arabe française! Et puis Sami le Comte de Bouderbala, puis Arthur, puis ma "soeur" Claudia Tagbo, et d'autres...»

Il aime la France multiculturelle. Il veut y faire carrière avant, un jour, de se lancer en anglais.

«Je ne veux pas monter huit marches en même temps, mais ça me tente beaucoup, dit-il. Andy Nulman, à Just for Laughs, le sait, et on s'en parlera quand je serai prêt. Car même si je suis bilingue, quand je vois Sugar Sammy ou Mike Ward, je vois bien qu'en anglais, ce n'est pas pareil. Je suis versatile, alors j'apprendrai.»

Mais Rachid Badouri sera fidèle au Québec. Il n'est pas prêt à tout laisser et à s'installer en France comme l'a fait Anthony Kavanagh. Sa famille, ses amis d'enfance et son public fidèle sont ici.

Ce n'est pas pour rien que la première de son nouveau spectacle a lieu le 16 octobre, jour de ses 37 ans. Un spectacle dans lequel il parle de son mariage avec Julie, de sa vie en Europe, de son père et de la mort de sa maman, Khadija, il y a deux ans. Une douleur qui fait qu'il n'a pas encore été capable de retourner dans la demeure familiale depuis août 2011.

«C'est un spectacle un peu plus profond, du fait des sujets que je traite, dit-il. Je parle de ma santé, notamment de l'irrigation du côlon, donc c'est plus profond! Non, mais sérieusement, je parle aussi de sujets plus graves, du racisme notamment. Et il y a énormément de blagues. Plus qu'avant et même des blagues songées! Je suis plutôt fier de ça.»

La santé d'abord

Chez lui, à Laval, il s'entraîne avec des cordes, des élastiques et des ballons.

À Paris, il circule à bicyclette, zigzaguant dans les petites rues.

«Le vélo m'a tonifié et a fait fondre mon petit "tire"!» Badouri a aussi changé son alimentation. «La maladie de ma mère m'a beaucoup fait réfléchir, dit-il. Je prends un peu plus soin de ma santé.»

À Paris, il fait ses courses dans les magasins «bio et nature» Naturalia et achète des produits surgelés chez Picard.

«Ce sont vraiment de bons produits, frais, naturels et sans traitements, assure-t-il. Sinon, j'aime bien manger du poulet en France, car il est meilleur que le nôtre, il n'y a rien qui est "shooté" dedans.»

Il ajoute que son petit-déjeuner a «changé sa vie», il y a trois ans. Au mélangeur, il broie ensemble une pomme, une poire, des baies (fraises, framboises, bleuets ou mûres) et une banane avec du lait d'amandes et un produit protéiné à base de chanvre, de riz brun et de pois jaune. «Je suis parfait avec ça jusqu'à midi!»

Ses bonnes adresses à Paris

Restos préférés

Bien Bien, restaurant thaïlandais / 30, rue Bergère (9e arrondissement) : «Jeune chef stylisé, bonne cuisine, impeccable.»

Joe Allen, restaurant américain / 30, rue Pierre Lescot (1er arrondissement): «La meilleure place à hamburgers à Paris depuis 40 ans.»

L'as du fallafel, restaurant moyen-oriental / 34, rue des Rosiers (4e arrondissement) : «Le meilleur falafel que j'ai mangé de ma vie.»

Le Timgad, restaurant marocain / 21, rue Brunel (17e arrondissement) : «Le meilleur couscous de Paris, il me fait penser à celui de ma mère...»

Il Tre, restaurant italien / 3, rue des Petits Carreaux (2e arrondissement) : «Une pizza incroyable servie dans un restaurant où on se sent chez nous.»

Cinéma préféré

Le cinéma UGC du Forum des Halles. «Des écrans immenses, j'adore!»

Quartier préféré pour magasiner

Le Marais : «C'est le quartier gai de Paris, tu y vas pour avoir du style.»

En chiffres

1976

Né à Laval de parents d'origine marocaine, le 16 octobre 1976.

395 000

Rachid Badouri a vendu près de 395 000 billets pour Arrête ton cinéma, soit 338 000 billets au Québec entre 2007 et 2011 et 57 000 billets en Europe et au Maroc depuis le début du rodage européen, en 2011 au Théâtre Trévise, à Paris.

100 000

Lancé en octobre 2007, Arrête ton cinéma a dépassé les 100 000 billets vendus en un an, un record au Québec.

420

Arrête ton cinéma a été joué 420 fois au Québec entre 2007 et 2011, dont 53 fois au Théâtre St-Denis. Il a été rodé 210 fois en France et présenté en avant- première à L'Olympia de Paris le 21 septembre dernier.

72 000

Depuis mai, le spectacle Badouri rechargé a été présenté 60 fois au Québec avant sa première médiatique, le 16 octobre. L'humoriste a déjà vendu 72 000 billets pour ce spectacle.