La nouvelle directrice générale du Conseil des arts de Montréal (CAM), Nathalie Maillé, a annoncé hier la création d'un fonds de 30 000$ pour soutenir la relève en cirque.

Créé en partenariat avec la TOHU, ce fonds permettra à un organisme ou à un collectif d'artistes de participer au 5e festival Montréal complètement cirque l'an prochain, mais aussi de profiter d'une aide pour la diffusion de sa création au Québec, notamment dans les maisons de la culture. La directrice générale du CAM a parlé d'un projet pilote. On ne sait donc pas si ce fonds sera reconduit l'an prochain.

«Il s'agit d'outiller la relève en cirque, a commenté Nathalie Maillé. On veut aider les compagnies de cirque montréalaises à être présentes à Montréal, pour qu'elles se fassent connaître chez elles d'abord. On veut passer le message que le Conseil des arts reconnaît les arts du cirque comme discipline artistique à part entière.»

Les intéressés ont jusqu'au 25 octobre pour soumettre leur candidature.

Ce soutien à la relève du cirque survient à un moment où l'on assiste à l'éclosion de plusieurs compagnies de cirque, qui ne reçoivent pratiquement aucune aide gouvernementale. Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) soutient le théâtre à hauteur d'environ 22 millions par année, tandis que le milieu du cirque ne reçoit que 1,5 million. Une situation que plusieurs observateurs déplorent.

Coups de coeur de programmateurs

L'annonce du CAM a été faite hier en présence d'une centaine de programmateurs provenant d'une quinzaine de pays.

Parmi eux, La Presse a rencontré Yveline Rapeau, directrice générale de La Brèche, en Normandie, un pôle des arts du cirque en France, qui offre des résidences d'artistes. «Je suis frappée par la justesse de la ligne artistique de ce festival et par sa diversité, a-t-elle dit, mais je suis aussi contente de voir des compagnies émergentes emboîter le pas au Cirque Éloize et aux 7 doigts de la main.»

Yveline Rapeau a eu un coup de coeur pour le collectif Flip Fabrique, de Québec, mais aussi pour la compagnie Nord Nord Est de Benoît Landry, qui présente Le voyage d'hiver à Montréal complètement cirque. «Les artistes de Flip Fabrique ont déjà un style bien à eux. Il y a des améliorations à faire dans l'écriture de leur spectacle, mais ce sont des virtuoses. Quant à Nord Nord Est, je trouve qu'il y a un travail de recherche immense, malgré certaines faiblesses. C'est une compagnie prometteuse.»

D'autres artistes de cirque d'ici ont pu se produire devant un groupe de diffuseurs dans un showcase privé cette semaine. Il s'agit de la contorsionniste Andréane Leclerc, qui a présenté son spectacle Cherepaka; du collectif Throw2Catch, fondé par les jongleurs Samuel Roy et Nicolas Boivin-Gravel; de Sandrine Lafond, ainsi que des compagnies Toxique Trottoir et LaboKracBoom.

De son côté, Mary Lou Aleskie, directrice de l'International Festival of Arts and Ideas de New Haven, au Connecticut, un des rares festivals américains à programmer des spectacles de cirque, estime que les programmateurs doivent travailler ensemble pour faire circuler les pièces des jeunes compagnies de cirque. «Nous sommes à six heures de chez vous, on doit donc travailler ensemble pour créer des pôles régionaux.»

Le directeur général de la TOHU, Stéphane Lavoie, a réuni les programmateurs hier après-midi pour leur permettre d'échanger avec les compagnies invitées. Selon lui, les trois spectacles qui ont eu le plus d'effet sur eux jusqu'à présent sont Attrape-moi, de Flip Fabrique, Ironworkers Local 777, de Fabrique Métamorphosis - toutes deux du Québec -, et Smashed, de la troupe anglaise Gandini Juggling.

Montréal complètement cirque se poursuit jusqu'à dimanche.