Quand il est question de célébrer Noël en famille et en musique, le clan Wainwright-McGarrigle n'a pas beaucoup d'égaux dans le vaste pays chantant qu'est le Québec. Les prévoyants, les allumés et les chanceux qui étaient à la Maison symphonique samedi soir en ont eu une autre preuve quand Rufus et Martha Wainwright, avec quelques parents et amis choisis, ont présenté pour une deuxième année leur spectacle Noël Nights des Wainwright.

Comme l'an passé, tous les profits iront au Fonds Kate McGarrigle, la mère de Rufus et Martha emportée par le cancer en 2010. Ces deuxièmes Noël Nights marquent aussi le 10e anniversaire de l'album The McGarrigle Christmas Hour, dont l'esprit festif et chaleureux habitait la Maison Symphonique samedi et l'habitera encore ce dimanche soir pour la seconde représentation. Et ces voix...

Quand tout le monde s'est avancé aux (cinq) micros pour le final de la première partie, il y avait pas loin de 30 personnes engagées dans cette spectaculaire version de Thank God, it's Christmas!, menée par Sloan Wainwright, la soeur cadette de Loudon Wainwright III, le père de Rufus et Martha. La chanson de Queen, « ma tante » Sloan y met une touche gospel très personnelle, puissante et vibrante et, menés par Rufus et Martha, les choeurs du clan achèvent de river le spectateur à son siège, s'il n'est pas déjà sur le cul. 

Le clan Wainwright-McGarrigle se décline en de multiples formations ad hoc. Ici, Jane McGarrigle, la soeur d'Anna et Kate, au piano pour accompagner deux fillettes de la troisième génération dans Let it snow. Là, Loudon Wainwright III, un des « nouveaux Dylan » des années 70, chantant une de ses compositions - Christmas Morning, sauf erreur, sur la première guerre du Golfe - avec ses deux filles: Martha et Lucy Wainwright Roche dont la mère est la chanteuse Suzzy Roche. Tombée dedans quand elle était petite, elle aussi, Lucy.  

Et voici Rufus qui chante Sainte Nuit, main dans la main avec son mari tandis que Martha se joint aux choeurs et que son mari à elle, le bassiste Brad Albetta, dirige l'orchestre de six musiciens qui file bon vent avec les multi-instrumentistes Chaim Tannenbaum et Éloi Painchaud et le pianiste Tom Mennier, tout en nuances. « Il a joué toutes les notes que je voulais jouer », lance Robert Charlebois en  s'assoyant au piano pour Noël blanc/White Christmas avec Rufus et Martha, rayonnante comme jamais. 

Seule (I'll be home for Christmas), avec son frère ou d'autres, Martha déploie l'immensité de ses talents de chanteuse, de leader et d'entertainer. Il faut l'entendre dans l'Ave Maria de Schubert où, en ces temps de « duos improbables », quelqu'un a eu la brillante idée de confier l'accompagnement au DJ Kid Koala et à Jean-Willy Kuntz, organiste en résidence de l'OSM, au Gand Orgue Pierre-Béique. Scratching céleste. 

Les autres invités de renom étaient la chanteuse country rock Emmylou Harris, la violoncelliste et chanteuse Jorane et Daniel Bélanger, que remplacera ce soir Louis-Jean Cormier pour le deuxième et dernier spectacle Noël Nights, enregistré pour la télévision. 

Le 18 décembre à ARTV, et en rediffusion les 20, 24, 26 27, cette heure de musique (et de télé) unique devrait nous faire entendre Blue Christmas d'Elvis Presley, avec Tannebaum, aussi bon chanteur qu'instrumentiste, la très jazzy Baby, it's cold outside qu'a fait connaître Louis Armstrong, des affaires guillerettes qui nous rappellent les bienfaits du service Nez rouge, la dernière chanson écrite par Kate McGarrigle et, surtout, ce Minuit, chrétiens que livre sans effort et sans micro son fils Rufus. Là, le peuple est vraiment à genoux.

Une grande soirée à laquelle l'absence de neige n'enlève rien du tout. Un seul regret, toutefois, devant ces Noël Nights des Wainwright... ç'arrive rien qu'une fois par année ».